Après plusieurs mois ― et gouvernements, la Tunisie a réussi à atteindre un premier accord préliminaire avec le Fonds monétaire international. Préliminaire parce que rien n’est encore définitif: pour que la Tunisie ait accès au 1.9 milliard de dollars qui lui a été alloué, il faudrait attendre le feu vert du conseil d’administration de l’institution monétaire internationale.
Ce feu vert est attendu en décembre prochain, une date qui n’a pas été fortuitement décidée. “Le choix de cette date, qui coïncide avec la tenue des prochaines élections législatives, est en soi un message important”, a indiqué à Managers Ridha Chkoundali, expert en sciences économiques.
En reportant la décision à cette date, a expliqué l’expert, le FMI a voulu attendre la tenue des élections pour pouvoir déterminer l’enveloppe de la première tranche du prêt. Ce montant sera tributaire, affirme Chkoundali, de plusieurs facteurs, dont les efforts que va déployer le gouvernement pour assurer que le parlement élu sera représentatif, la capacité du gouvernement à maintenir la paix sociale même après les prochaines augmentations des prix.
Le professeur estime donc que le montant de la première tranche sera réduit.
Cela dit, Chkoundali affirme que malgré le montant réduit du prêt ― limité par la quote-part de la Tunisie dans le FMI ― et de la première tranche, l’accord avec le fonds reste très important. “Cet accord va nous permettre d’accéder à un plus large pool de financements auprès des autres bailleurs de fonds tels que la BAD, la BERD ou encore des pays comme l’Arabie saoudite et le Japon”, a-t-il indiqué. Qui plus est, le feu vert du FMI va permettre de rassurer les investisseurs étrangers et même les fournisseurs de matières premières et produits alimentaires quant à faire du business avec la Tunisie.
“C’est un gage de confiance avec tous nos partenaires”, a-t-il ajouté.
Chkoundali estime également que la signature de l’accord avec le Fonds monétaire international aura comme effet positif d’éviter à la Tunisie, du moins pour le moment, une nouvelle dégradation par les agences de rating. Rappelons à cet égard que l’agence Moody’s avait annoncé au début du mois qu’elle a placé la note Caa1 de la Tunisie sous surveillance, en vue d’une dégradation.
Tous ces signaux sont certes positifs, mais rien n’est encore gagné. L’expert a souligné que suite à la libération de la première tranche, le FMI va suivre de près la capacité de la Tunisie à mettre en place les huit points de son programme de réformes.
Pour Chkoundali, le problème réside dans le fait que le programme déposé par la Tunisie repose sur les mêmes approches que celles utilisées par les précédents gouvernements. “Les mêmes approches ne peuvent donner que les mêmes résultats”, a-t-il souligné.
Quant aux réformes les plus prioritaires, notre interlocuteur a indiqué que l’amélioration de l’environnement des affaires devrait être le premier chantier entamé par le gouvernement. “Non seulement il est plus simple de supprimer par décret les entraves administratives à l’investissement, aussi, cela enverrait un signal positif au FMI qui pourrait ainsi accélérer son soutien à la Tunisie”.