Si les gouvernements du monde n’avaient pas déployé les mesures annoncées durant le pic de la pandémie, quel aurait été le niveau de pauvreté aujourd’hui dans leurs pays respectifs? C’est la question que se sont posée les experts de la Banque mondiale dans le rapport sur la pauvreté publié aujourd’hui.
Ces mesures ont-elles réellement apporté le soutien nécessaire aux populations touchées? La réponse est malheureusement loin d’être simple et l’étendue de l’impact n’a pas été la même dans tous les pays. Cependant, les analystes de la Banque mondiale ont remarqué que, généralement, l’impact des mesures gouvernementales sur la pauvreté était plus prononcé dans les pays les plus riches.
“Les microsimulations dans les pays à revenu faible ou intermédiaire suggèrent que la pauvreté aurait été, en moyenne, supérieure de 2.4 points de pourcentage sans la réponse budgétaire déployée par les gouvernements”, lit-on dans l’étude.
Cependant, même si la politique budgétaire a presque entièrement compensé l’impact de la pandémie sur la pauvreté dans les pays à revenu élevé, elle n’a compensé que la moitié de l’impact dans les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure et un peu plus d’un quart de l’impact dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure.
Pour la Tunisie, le résultat est plutôt mitigé. Le rapport de la Banque mondiale a indiqué que les mesures prises par le gouvernement ont permis d’éviter une croissance supplémentaire de 0.8% de la pauvreté. D’après leurs simulations, la hausse de la pauvreté s’est limitée à 6.4% alors qu’elle aurait pu atteindre les 7.2% si les mesures en question n’avaient pas été prises.
Un tel impact est considéré faible, même par comparaison avec les pays à revenu moyen de la tranche inférieure comme le nôtre. Aux Philippines, par exemple, les mesures gouvernementales ont fait que la pauvreté augmente de “seulement” 5.4% au lieu de 7.6%, soit un amortissement de 220 points de base. Au Kenya, la hausse de la pauvreté s’est limitée à 4.6% au lieu de 7% sans intervention gouvernementale.
En Afrique du Sud, un pays classé à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, l’action gouvernementale a permis de transformer une hausse potentielle de la pauvreté de 12.6% à une… baisse d’environ 2%!