Alors que les taux d’intérêt devraient augmenter davantage après la dernière décision de la BCT, il convient de comprendre l’ampleur d’une telle manœuvre sur les agents économiques. L’un des aspects à examiner est la taille des concours à l’économie.
Les derniers chiffres publiés par la BCT, qui remontent au mois d’août 2022, montrent que les concours à l’économie s’élèvent à 109,029 milliards de dinars, soit 6,896 milliards de dinars de plus par rapport à fin 2021.
Cette hausse significative provient essentiellement des crédits sur ressources ordinaires, qui se sont établis à 99,066 milliards de dinars. Les crédits sur les ressources spéciales ont légèrement reculé à 3,779 milliards de dinars. Les banques ont donc accéléré le rythme d’octroi de financements à l’économie en dépit du contexte haussier des taux. Sur les six premiers mois de l’année, l’économie a progressé et cela n’aurait pas eu lieu sans hausse conséquente des prêts aux entreprises et ménages.
L’encours des billets de trésorerie est de seulement 14 millions de dinars, qui est un faible montant qui prouve que très peu d’entreprises recourent à ce type de financement. Il coûte cher et est généralement un outil intra-groupe, entre holding et filiales.
Quant au portefeuille-titres, qui représente les prises de participation dans le capital des entreprises, il a évolué de 475 millions de dinars à 6,170 milliards de dinars. C’est une hausse logique, car pour s’endetter davantage, il faut avoir plus de fonds propres.
Maintenant, lutter contre l’inflation signifie aussi la baisse du volume de ces financements, mais nous pensons que cela ne sera pas vu rapidement. Les entreprises sont déjà engagées dans des commandes de production, et donc elles ont des cycles d’exploitation à assurer indépendamment des coûts. Elles vont vendre plus cher, ce qui risque d’augmenter davantage les prix à court terme jusqu’à ce que la demande fléchisse. L’impact réel sur le volume sera plutôt significatif début 2023. Le risque d’avoir une croissance décevante pour le premier quart de l’année prochaine n’est pas à sous-estimer, mais c’est le prix à payer pour sortir de cette spirale infernale.