Dans sa guerre anti-inflation, la BCT a décidé de relever également le taux de rémunération de l’épargne (TRE) de 25 points de base à 6,25%, un niveau jamais atteint.
Pour les banques, ce n’est pas une excellente nouvelle, car cela signifie une augmentation des coûts de ressources, qui sont déjà chers. Cela pourrait également inciter une partie des dépôts à vue, qui ne sont pas rémunérés, à se convertir en épargne longue et exiger un rendement. in fine, c’est l’objectif de la Banque centrale qui tente de réduire l’utilisation des ressources afin de réduire la demande et calmer les prix.
Pour comprendre l’ampleur de cette mesure, il faut regarder la structure des dépôts des banques tunisiennes. Selon les statistiques du mois d’août 2022, les dépôts à terme s’élèvent à 17,541 milliards de dinars. En d’autres termes, cela coûterait aux banques 10,963 millions de dinars supplémentaires pour le reste de l’année. Il faudra également tenir compte des comptes spéciaux d’épargne qui abritent 25,508 milliards de dinars, et qui sont rémunérés au minimum au TRE, soit un coût supplémentaire de 15,942 millions de dinars d’ici la fin de l’année. En totalité, et même avec les nouveaux dépôts d’ici décembre, les intérêts additionnels payés aux déposants ne dépasseraient pas 30 millions de dinars.
Le montant pourrait paraître dérisoire pour des banques qui engrangent des bénéfices en centaines de millions de dinars, mais l’ampleur pourrait être plus complexe. Les dépôts à vue s’élèvent à 27,254 milliards de dinars auprès des banques, et ce, hors les 2,420 milliards de dinars dans les comptes postaux. La conversion rapide de cet argent en épargne peut rendre le financement des banques plus cher, les incitant à ne pas prendre de risques dans l’octroi de crédits aux entreprises. Entre mai 2022, date de la première hausse du taux directeur, et août 2022, les dépôts à terme et les comptes spéciaux d’épargne ont, respectivement, progressé de 1,259 milliard de dinars et 492 millions de dinars. C’est un rythme de transformation rapide pour des banques qui préfèrent les dépôts non rémunérés qui leur génèrent des commissions.
De plus, les autres sources de financement, comme les emprunts obligataires, devraient suivre cette tendance, ce qui implique des taux plus élevés pour des ressources à moyen et long terme. Nous pensons que le rythme des émissions va baisser et ne concernera que les emprunts subordonnés pour des raisons réglementaires. Les gestionnaires actif-passif, qui souffrent déjà, auront la tâche lourde pour pouvoir trouver le juste équilibre.