Avec l’inflation, les Tunisiens trouvent de plus en plus de difficultés à affronter le coût de la vie, les salaires étant largement insuffisants. Pour raccorder les fins de mois, il n’y a pas d’autre solution que de recourir au débit, connu dans le jargon par le «rouge».
Fin mai 2022, le débit des comptes courants auprès des banques s’élève à 8 937 MTND, soit 1 106 MTND de plus par rapport à décembre 2021. Il devrait être à des niveaux plus élevés actuellement. Toutefois, il faut préciser que ce montant englobe les comptes des particuliers et des entreprises.
Historiquement, ce chiffre oscille généralement entre 8 et 9 milliards de dinars. C’est donc le montant de fonds propres qui manque aux agents économiques en Tunisie: les entreprises pour financer leurs besoins en fonds de roulement et le complément de salaires nets que les ménages doivent normalement obtenir.
L’insuffisance des fonds propres est une marque déposée pour les entreprises tunisiennes. Indépendamment de leurs tailles, elles tentent toujours d’abuser de l’effet de levier pour réaliser des bénéfices, ce qui explique leur surendettement actuel.
Pour les ménages, le montant réel qui leur manque pour terminer tranquillement leurs mois dépasse la valeur de leur débit, car la bancarisation ne touche qu’une partie des Tunisiens. De plus, ce privilège n’est pas automatiquement accordé aux titulaires d’un compte courant qui doivent justifier d’un minimum de revenu et d’une titularisation dans leurs postes d’emploi.
Vous pouvez imaginer l’impact de l’arrêt de ce mécanisme sur le volume de la consommation globale. Son absence signifie une chute libre des achats de biens et de la demande des services, donc moins de revenus et moins de taxes pour l’Etat. Ce sont des facilités indispensables, qui font mal aux détenteurs de comptes courants, mais qui leur permettent de survivre en attendant des jours meilleurs.