La tendance du tourisme durable prend de plus en plus d’ampleur ces dernières années en Tunisie. Certaines startups, comme Wildyness, ont lancé leur plateforme d’activités de tourisme durable. Le couple de co-founders gère l’activité de la startup depuis l’Allemagne.
Le tourisme durable s’inscrit dans la vague de nouvelles tendances du tourisme. La quête d’expérience, le contact avec les locaux, l’accès à des lieux et logements authentiques sont les nouveaux objectifs des touristes tunisiens ou étrangers. Sans oublier les spots Instagram friendly pour faire fureur sur les réseaux. C’est pour cela qu’Achref Aouadi et son épouse Rym Bourguiba ont cofondé Wildyness. La startup propose une plateforme d’activités en Tunisie, avec des journées thématiques, des ateliers et une structure numérique qui permet de gérer ses réservations facilement à distance. Interview avec Achref Aouadi, qui se confie sur l’aventure entrepreneuriale de Wildyness.
La mise en place d’un process entièrement digital et en remote
Les débuts de Wildyness ont été le résultat d’un choix de la part des co-founders. Le couple vivait en Allemagne et chacun travaillait. Ils ont pris un an de congé sans solde pour aller rencontrer leurs partenaires en Tunisie et lancer l’entreprise. Après que l’idée a germé en 2019 et l’obtention du label Startup Act en décembre 2020, l’incubateur Afkar de la GIZ les a poussés à venir un an sur le terrain. De juin 2021 à juin 2022, les époux blogueurs passent d’une expérience virtuelle ponctuelle à un quotidien de route, de rencontres et de contact. Achref Jaouadi décrit les débuts de Wildyness: “Nous avons passé du temps à mettre en place le système de plateforme, les différents process et la stratégie marketing. Cette année en Tunisie a permis de se déplacer partout pour discuter avec les partenaires et constituer une petite équipe sur place”.
Jongler entre toutes les activités
La particularité de l’entreprise est sa position médiane dans de nombreux axes de travail. L’activité est répartie entre l’Allemagne, où vivent les co-founders, et la Tunisie, où travaille l’équipe locale de Wildyness. Achref et Rym travaillent tous les deux à plein temps tout en gérant leur startup. Enfin, ils gèrent une plateforme d’activités. Cela signifie qu’ils représentent les intermédiaires entre les touristes et les personnes assurant ces activités. Dans un marché du tourisme durable naissant, il n’est pas évident de trouver et proposer une offre attractive et diversifiée. Achref se confie sur ce quotidien: “Le travail collaboratif nécessite une importante disponibilité. Donc il faut rester connecté à tout moment pour maintenir le contact. Par contre, certaines activités comme les événements de networking et les participations aux incubateurs doivent être faits en personne.” De plus, pour convaincre un marché diversifié, l’idéal est de proposer des activités adaptées à toutes et à tous. A part les activités de tourisme durable comme le camping sauvage, les sports nautiques, d’autres programmes moins exigeants physiquement pourraient être proposés. “Pour que tout le monde puisse profiter des activités, la solution est de les adapter à sa cible et aux participants. Par exemple, cela est réalisable en proposant des randonnées plus courtes plutôt que de longues randonnées, ou en offrant des logements plus confortables plutôt que des tentes.” Achref propose d’inclure deux options dans les activités, l’option facile et l’option modérée. Il mentionne également un nouveau concept: le glamping. Cette version glamourisée du camping offre des tentes entièrement équipées avec un lit confortable, un système de chauffage et bien d’autres options qui améliorent l’expérience. Le tourisme durable, par son ouverture à un plus vaste public, évolue en fonction des besoins et des exigences. Son succès auprès des voyageurs et sa capacité d’évolution avec les années rendent le tourisme durable un secteur porteur et plein de potentiel.
Un secteur en pleine croissance
Achref et Rym ont ressenti à travers leurs aventures de voyage la tendance du tourisme durable et alternatif. Achref raconte: “Nous avons visité plus de 40 pays autour du monde. Nous avons ainsi pu détecter des tendances dans les pays émergents (Asie du Sud-Est, Amérique latine, Europe de l’Est, Afrique). Le backpacking et les contacts avec les baroudeurs autour du monde leur ont permis de saisir le potentiel. Lorsqu’il a fallu passer de l’idée au concret, le challenge était présent. Pour familiariser les Tunisiens avec cette forme de tourisme, ils ont dû passer par une phase de sensibilisation par rapport à des structures touristiques classiques. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir le nombre grandissant des maisons d’hôtes. D’après Achref, “il y a eu une importante multiplication des maisons d’hôtes en Tunisie. Il y a quatre ans, elles étaient une centaine. Aujourd’hui, il y en a près de 600, soit une multiplication par six en quatre ans.” De plus, les initiatives individuelles prennent place aux côtés des grandes chaînes touristiques. De ce fait, beaucoup de jeunes qui sont nés et qui ont grandi dans une région vont lancer leur gîte rural ou leur table d’hôte. Cependant, même si les projets sont là, les challenges comme la gestion financière ou la lenteur de l’administration entravent le développement de la startup.
Dépasser les challenges en trouvant de nouvelles solutions
Les startups ne sont pas seules à batailler. De plus larges structures encouragent le tourisme local, comme par exemple la route du cinéma de la GIZ Tunisie. Par ailleurs, les transactions financières de et vers l’étranger posent quelques difficultés. Achref détaille ces aspects pratiques: “Lorsque nous avons commencé à travailler, Wildyness est considérée comme totalement exportatrice. Cela signifie que le chiffre d’affaires de l’entreprise doit être généré à 70% de l’étranger. Après l’arrivée de Wildyness sur le marché en octobre 2021, pour la première fois, nous avons réalisé cet objectif en 2022. La réception des paiements de l’étranger s’effectue selon deux choix: soit en acceptant les paiements de l’étranger sur le compte bancaire tunisien, solution lente et entraînant beaucoup de commissions, soit en ayant une borne à l’étranger. Pour cette raison, nous souhaitons constituer d’ici fin 2022 une borne basée en Europe appelée Wildyness international”.