L’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) définit la transition tunisienne vers les énergies renouvelables comme étant “une expansion énergétique, plutôt qu’unetransition énergétique”. Il reprend ici l’expression du centre de recherche Transnational Institute “Energy transition or energy expansion?”. Ces mots figurent dans leur dernier rapport intitulé “Les énergies «renouvelables» en Tunisie: une transition injuste” publié le 21 septembre.
Dans le rapport, la transition injuste serait, par opposition à une transition juste, une stratégie orientée vers le profit plutôt qu’une transition durable. L’OTE rappelle les engagements de la Tunisie envers le climat: “La Tunisie est signataire de l’Accord de Paris (2015) et s’est engagée à respecter sa contribution déterminée au niveau national (CDN), qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays dans tous les secteurs de 41% par rapport aux niveaux de 2010 d’ici 2030, bien que la Tunisie ne contribue qu’à 0,07% des émissions mondiales”.
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Ensuite, les objectifs sont précisés, qui sont une diminution de 46% des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur de l’énergie. “Les réductions prévues incluent une diminution de 46% des émissions dans le secteur de l’énergie. La réalisation de ces objectifs s’alignent sur l’ambition de la Tunisie de réduire son déficit énergétique. Parallèlement, la Tunisie encourage la diversification de son mix énergétique par le développement des énergies renouvelables”.
L’OTE analyse les politiques de l’énergie et du climat en Tunisie comme étant trop capitalistes. “Or, les politiques climatiques conçues par la Tunisie au cours des dernières décennies n’ont pas réussi à apporter les changements nécessaires, car elles restent ancrées dans un cadre capitaliste qui impose la recherche d’une croissance illimitée et qui donne priorité au profit privé”.
C’est pour cela que l’OTE introduit le concept de transition juste. Le terme est défini ainsi: “Pour relever ce défi et apporter de «vraies» solutions, le concept de «transition juste» a été introduit dans les discussions mondiales sur la transition énergétique. Ce concept préconise une transition équitable vers une économie écologiquement durable, équitable et juste pour tous ses membres”.
L’OTE propose une alternative plus équitable, comme mentionné dans la dépêche TAP. La conclusion du rapport ajoute: “De plus, la voie choisie renforce la
dépendance tant financière qu’en matière de connaissances vis-à-vis d’acteurs étrangers par le biais d’investissements directs étrangers et d’importation de technologies, au lieu de pousser la Tunisie à investir dans la souveraineté énergétique par le développement local du secteur des énergies renouvelables. Cela signifie que la stratégie à court terme adoptée par les gouvernements successifs au cours de la dernière décennie, en choisissant d’investir dans les PPP plutôt que dans les services publics, vise davantage à attirer les investisseurs privés (et surtout étrangers) et à garantir leurs profits – malgré la charge financière à long terme que cela pourrait induire – qu’à favoriser le développement local”.