Avec la flambée des prix, la capacité des Tunisiens à épargner devrait logiquement s’effriter. Le coût du panier des produits de première nécessité a tellement augmenté que les ménages dépensent plus pour assurer leur quotidien.
Depuis le début de l’année, l’épargne auprès des banques (hors celle logement) s’est établie à 26 249 MTND, un niveau jamais atteint. Sur les cinq premiers mois de 2022, l’épargne additionnelle était de 718,731 MTND, un montant loin d’être négligeable. C’est même meilleur que le chiffre enregistré sur la même période en 2021, durant laquelle l’épargne nouvelle était de 689,788 MTND.
A cela, il faut ajouter l’épargne auprès de La Poste qui est de 7 709 MTND fin mai 2022, soit 127,507 MTND de plus par rapport à la fin de l’année. C’est plus faible que la performance de l’année dernière (157,057 MTND).
En tout, l’épargne globale est de 33 959 MTND, dont 846,238 MTND depuis le début de l’année.
Ces chiffres et tendances ont des explications logiques. Si l’épargne auprès des banques s’est accrue alors que celle auprès de La Poste a décéléré, c’est que la clientèle des établissements de crédit est en moyenne plus aisée. La Poste est le refuge de la population à faible et moyen revenus, qui a une moindre capacité d’épargne et qui a été touchée de plein fouet par la crise actuelle.
Mais la progression en elle-même s’explique par le sentiment d’inquiétude des Tunisiens quant à l’avenir. Ainsi, ils préfèrent se priver de quelques dépenses pour constituer un coussin de sécurité pour affronter, probablement, des mois plus difficiles. Tout ce qui se dit actuellement sur la levée des subventions et les nouvelles augmentations des prix des carburants n’inspire pas confiance.
Ainsi, si on dépense moins, d’où vient cette inflation? La réponse est simple et reflète le comportement des commerçants tunisiens: pas question de baisser les prix et compenser par un effet volume. Ils préfèrent vendre plus cher une moindre quantité et garder la marge. L’idée derrière ce comportement est de profiter de prix plus élevés lorsque la dynamique économique revient.
Maintenant, toute cette épargne est censée doper la croissance en finançant la production. Ce n’est pas toujours le cas puisque l’Etat est en train de recourir massivement à l’endettement interne, créant un effet d’éviction reconnu même par le régulateur. Une partie de la solution passe inévitablement par cela.