Pendant des décennies, l’Arabie saoudite a activement agi pour freiner l’activité touristique sur ses territoires ― exception faite bien évidemment du hajj et du tourisme religieux. Cela a changé depuis quelques années, notamment avec l’ambitieux programme Vision 2030 qui vise à diversifier l’économie saoudienne au-delà de l’industrie pétrolière.
Maintenant, le gouvernement prévoit de dépenser 1 000 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie pour que le royaume devienne une destination touristique de masse. Un secteur des croisières naissant, des stations balnéaires de luxe en mer Rouge et des éco-lodges dans le désert sont tous en préparation.
Depuis que l’Arabie saoudite a levé ses dernières restrictions de voyage liées à la Covid en mars, des touristes ont afflué dans le pays trois fois plus grand que le Texas pour découvrir sa capitale tentaculaire, six sites appartenant au patrimoine mondial de l’Unesco et l’hospitalité arabe traditionnelle.
Mohammed Ben Salmane, le prince héritier saoudien, est l’architecte de la Vision 2030 et souhaite attirer 55 millions de touristes internationaux par an d’ici 2030, soit un peu plus de la moitié du nombre qui a visité la France, la destination la plus populaire au monde, en 2019. Près de 3.5 millions d’étrangers sont venus l’année dernière – hors pèlerins – et 6.1 millions au premier semestre 2022.
Mais la mission des autorités saoudiennes ne sera pas facile. Déjà, une nouvelle loi a été promulguée pour interdire de “porter atteinte à la réputation du tourisme”, une décision vague et inquiétante dans un pays dont le bilan en matière de droits de l’homme est déjà un rebut pour beaucoup.
Aussi, l’augmentation du tourisme intérieur pendant la pandémie a mis à nu une insuffisance d’infrastructures, de sorte que le gouvernement a engagé 4 milliards de dollars pour encourager les investissements du secteur privé. La chaîne hôtelière Radisson Hospitality, qui compte 26 établissements en Arabie saoudite, prévoit désormais d’en ouvrir 20 autres au cours des trois prochaines années et Hilton Worldwide Holdings souhaite en ajouter 75 sur une décennie à ses 16 déjà existants.
Même si certaines restrictions sociales ― telles que l’interdiction pour les hommes et les femmes non apparentés de se mélanger en public ― ont été assouplies, l’alcool est illégal et le code vestimentaire pour les femmes est restrictif, même sur la plupart des plages. Les températures atteignent 50 degrés en été, et jusqu’à il y a quelques mois, les rebelles yéménites lançaient des missiles et des drones armés à travers la frontière dans les villes et les aéroports civils.