La Banque mondiale s’est penchée aujourd’hui sur le cas tunisien dans l’un de ses bulletins de conjoncture. Le dernier bulletin en date est réservé à la Tunisie et il a été publié mercredi 7 août sous le titre «Gérer la crise en temps d’incertitudes – Eté 2022».
La remise en question du système de subventions
Selon la TAP: “La Tunisie, rappelle la BM, a depuis longtemps opté pour une politique de compensation consistant à maintenir les prix de plusieurs produits, considérés comme de première nécessité, en dessous des prix du marché sur toute la chaîne de production et de transformation jusqu’au prix au consommateur. Ces biens comprennent principalement le pain, la farine, la semoule, les pâtes alimentaires, le lait et l’huile végétale. Les produits céréaliers dominent les subventions des produits alimentaires, car leurs prix à la consommation en Tunisie sont parmi les plus bas et leur consommation est une des plus élevées au monde”.
Or, les retombées du conflit russo-ukrainien et l’augmentation du prix de production des céréales rendent la subvention défavorable à la filière. Les subventions compensent les variations du cours des céréales sur les marchés internationaux. Les céréales devenant de plus en plus coûteuses, le déficit budgétaire se creuse pour maintenir un prix bas.
Une augmentation des importations en parallèle d’une hausse du déficit budgétaire
La TAP synthétise la balance commerciale de la filière céréalière en ces termes: “Les importations de céréales par l’Office des céréales (OdC) sont passées de 1,5 milliard de DT en 2019 (1,2 % du PIB) à 2,4 milliards de DT en 2021 (1,8 % du PIB). Si les prix internationaux en 2022 restent au niveau de la moyenne des cinq premiers mois, les importations passeraient à 4,5 milliards de DT en 2022. Les coûts croissants sont absorbés par l’OdC, qui, en 2020, avait déjà accumulé l’une des plus grandes dettes parmi toutes les entreprises publiques (3 milliards de DT). L’augmentation de la dette et le manque de liquidités, en particulier en devises, ont causé des difficultés à l’OdC pour s’approvisionner en céréales sur les marchés internationaux”.
Une croissance moins optimiste que prévu
Le taux de croissance prévu pour la Tunisie en 2022 serait de 2,7% en 2022. Or, la TAP, reprenant le rapport de la BM, nuance ce propos: “D’après la BM, si la baisse de la demande européenne se confirme et les conséquences des restrictions budgétaires se font sentir à court terme (baisse de la consommation et de l’investissement public), la tendance positive risque de s’inverser et un scénario pessimiste peut conduire à une croissance en 2022 de 2,4%”.