Sur les 54 pays africains, seuls 9 présidents, 9 chefs de gouvernement et 20 ministres ont été présents à la TICAD 8. Outre l’absence des poids lourds de l’économie de l’Afrique, comme l’Égypte, le Nigeria, l’Éthiopie, le Ghana, la Côte d’Ivoire, dont les présidents n’ont pas jugé utile de se déplacer en Tunisie. Ce qui traduit parfaitement la place de la Tunisie en Afrique et le désintéressement de plusieurs pays et présidents à faire l’effort de se déplacer.
Même les présidents de pays proches comme la Mauritanie, le Niger ou la Côte d’Ivoire n’ont pas pris la peine de faire le déplacement.
Il faut avouer que nos différents présidents, à l’exception de Bourguiba, ont souvent zappé l’Afrique de leur agenda. L’actuel président n’a visité aucun pays subsaharien, il a réservé la totalité de ses voyages en Afrique aux pays arabes, Algérie, Libye et Égypte.
Ce qui traduit réellement la position de notre classe politique vis-à-vis de l’Afrique subsaharienne, malgré les beaux discours sur la “Tunisie, hub pour l’Afrique” et le reste du bla-bla-bla.
Certes, il y a des points positifs dans cette TICAD 8, mais on.va retenir deux faits.
Tout d’abord, le secteur privé et les chefs d’entreprise ont été tenus loin de cette manifestation, qui reste principalement politique.
Toutes les invitations adressées au secteur privé lors de la séance inaugurale ont été annulées.
En.outre, il a été difficile de se déplacer à Tunis, que ce soit aux berges du Lac ou à Gammarth et donc très difficile de rencontrer les délégations et responsables subsahariens.
Le second fait, c’est cette querelle enfantine entre deux pays frères et amis, la Tunisie et le Maroc, avec des déclarations de part et d’autre et un cinéma de rappel d’ambassadeurs.
Certes, la Tunisie n’a pas été intelligente et s’est laissée entraîner dans une affaire dans laquelle elle n’a aucun intérêt géostratégique ou économique.
La réplique du Maroc a été violente et incompréhensible, surtout que quand le Maroc a rétabli ses relations avec Israël, personne en Tunisie n’a rien trouvé à redire, vu qu’il s’agit d’un acte souverain.
Pour rappel, les relations entre le Maroc et la Tunisie ont toujours été exceptionnelles.
De plus, la Tunisie a été à l’origine de la diffusion de l’islam malékite au Maroc à travers la mosquée des Karaouiyne, fondée par une femme de Kairouan: Fatma Fehria, cousine de Okba Ibnou Nafaa, fondateur de Kairouan.
Et c’est grâce au Maroc que les ports de Tunisie ont été libérés en 1159 de la colonisation normande, lorsque le sultan Abdelmonem Ibnou Ali a envoyé de la capitale Marrakech son armée, à la demande du sultan hafside.
Certes, l’erreur est grave, mais la réaction violente est injustifiée.
La TICAD 8, organisée en Tunisie, reste profondément marquée par cette brouille entre deux pays amis et par la timidité de la présence du secteur privé.