Les Tunisiens font de plus en plus appel aux chèques. Au cours de 2021, le nombre de chèques émis s’est établi à 24,1 millions pour la jolie somme de 101,318 milliards de dinars. Les rejets ont cerné 1,9% en termes de nombre de chèques et 3% de leur valeur, soit 3,039 milliards de dinars. Ce montant est loin d’être négligeable. Le principal motif de rejet reste l’insuffisance de provision pour les valeurs prélèvements. Souvent, le coût d’un chèque impayé dépasse sa valeur.
Mais pourquoi autant de recours à cet instrument au moment où nous nous orientons de plus en plus vers les transactions électroniques?
Primo, c’est le moyen idéal pour profiter d’un délai plus long d’encaissement. Il est rare que le chèque soit encaissé immédiatement, ce qui donne une bouffée d’oxygène au tireur. C’est donc un outil pour acheter gratuitement des produits et pour gérer sa trésorerie de fin du mois.
Secundo, les cartes bancaires ne sont pas acceptées partout. Chez un médecin, un avocat ou d’autres prestataires de services, le chèque non barré est monnaie courante. Même si on veut utiliser des moyens de paiement plus digitalisés, la possibilité ne s’offre pas.
Tertio, il ne faut pas oublier que les montants qui dépassent 3 000 TND doivent faire l’objet d’un virement ou d’un paiement par chèque, et ce, dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent. Signer un chèque reste plus simple qu’aller faire la file dans sa banque pour effectuer un virement.
L’utilisation massive du chèque a donc d’autres raisons qui n’ont pas de liaison avec les solutions de paiement dématérialisées. C’est pourquoi nous ne voyons pas la même tendance baissière de son utilisation comme c’est le cas dans les pays européens. Le chèque a encore de belles années devant lui.