La canicule n’est pas qu’un ressenti désagréable. Les experts du climat montrent que les dégâts du réchauffement climatique vont bien plus loin. “L’augmentation des extrêmes météorologiques et climatiques a eu des effets irréversibles, les systèmes naturels et humains étant poussés au-delà de leur capacité d’adaptation.” C’est l’un des points focaux du dernier rapport publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) intitulé “Changement climatique 2022: impacts, adaptation et vulnérabilité”. Avec les températures caniculaires de ces dernières semaines, le réchauffement climatique est non seulement ressenti mais a aussi bouleversé les êtres vivants et leurs écosystèmes.
La division géographique comprend l’Afrique, l’Europe et la région méditerranéenne. La Tunisie appartient à la région méditerranéenne.
Le bassin méditerranéen
Le bassin méditerranéen subit un impact de taille. Le rapport distingue l’impact sur la biodiversité et l’impact sur les systèmes humains. L’équilibre des espèces par exemple se divise en trois écosystèmes: terrestre, eau douce, océan. L’écosystème terrestre subit un impact élevé à très élevé dans le changement de la structure de son écosystème, les changements d’aire de répartition des espèces et les changements de timing. Par changement de timing, le rapport se réfère à la phénologie. Le terme signifie les événements périodiques dans le monde vivant. L’océan, ou ici la mer Méditerranée, a un impact élevé à très élevé dans la structure de l’écosystème et la répartition des espèces. Le changement de phénologie est medium. L’eau douce a un impact moyen pour la répartition des espèces. Les autres aspects n’ont pas de données suffisantes.
Concernant les systèmes humains, la région méditerranéenne est parmi les plus touchées dans le monde. L’impact est majeur pour la pénurie d’eau et la production alimentaire. L’impact est élevé à très élevé avec augmentation prévue des impacts défavorables pour la pénurie d’eau, la santé et la productivité des animaux et du bétail et les rendements de la pêche et de l’aquaculture. Le réchauffement climatique touche également la santé et le bien-être. Le même impact conséquent s’applique à la chaleur et la malnutrition.
La Tunisie et le réchauffement climatique
La mortalité des arbres tunisiens augmente avec le réchauffement climatique. Le rapport mentionne le cas des chênes-lièges. “En Tunisie, des infestations d’insectes liées, mais non formellement attribuées à des températures plus chaudes, ont entraîné la mortalité des chênes-lièges (Quercus suber)”. Les chênes-lièges se trouvent dans la région de Kroumirie, (Jendouba et Béja, dans une moindre mesure Bizerte, El Tarf).
A cause de la surexploitation des eaux souterraines, des techniques ancestrales d’arrosage et d’irrigation ne peuvent plus être utilisées. “La perte des systèmes d’eau traditionnels basés sur les eaux souterraines, tels que le foggara en Tunisie (Mokadem et al., 2018), entraîne également une perte de valeurs culturelles pour les communautés locales”.