Après le départ du premier navire d’Ukraine, l’export de céréales reprend sur les marchés internationaux. Le besoin de céréales importées risque d’être important en Tunisie. En effet, l’Office des céréales a publié mardi son rapport pour les récoltes jusqu’au 26 juillet. Et les résultats sont moyens, pour ne pas dire mauvais. Leïth Ben Becher, cofondateur et ancien président du Synagri, actuel vice-président et membre du bureau exécutif, réagit à ces résultats.
Bilan de l’Office des céréales
Les quantités de céréales collectées jusqu’au 26 juillet 2022 ont atteint 7,4 millions de quintaux contre 7,9 millions (0,79 million de tonnes = 790 mille tonnes) à la même date par rapport à la dernière récolte, enregistrant une baisse de 7%.
La répartition des quantités collectées par produit est comme suit :
Blé dur : 6,616 millions de quintaux, soit 90% des quantités collectées. (661,6 mille tonnes)
Blé tendre : 0,341 million de quintaux, soit 5% des quantités collectées. (34,1 mille tonnes)
Orge : 0,404 million de quintaux, soit 5% des quantités collectées. (40,4 mille tonnes)
Triticale : 3 514 quintaux.
Si l’on compare au bilan de 2021 :
Blé dur : la consommation a été de 1397,98 mille tonnes en 2021. Si on compare la production 2022 à la consommation de 2021, la production couvre 47% de la consommation. Donc, il manque 53% des besoins. En 2021, il y avait 35% de dépendance à l’import.
Blé tendre : la consommation tunisienne en blé tendre a été de 1221,7 mille tonnes en 2021. Si on compare la production de 2022 à la consommation de 2021, cela représente 2,8% des besoins, soit 97,2% des besoins manquants. En 2021, le blé tendre avait 93,1% de dépendance étrangère.
Et l’autosuffisance ?
Au sujet de la récolte de céréales, Leith Ben Becher explique cette baisse de 7% par des facteurs naturels et humains. “Les facteurs naturels sont les mêmes. Des régions comme Zaghouan ont eu moins de pluie, donc moins de récoltes en 2022 alors qu’elles ont 200k d’hectares de terres cultivables. Il y a eu également un défaut d’approvisionnement en engrais azotés. Sans oublier une importante hausse des températures au mauvais moment. Celle-ci a impacté certaines régions comme Bizerte et a entraîné un échaudage (avortement des céréales).
Les quelques semaines restantes de récolte n’auront qu’un impact marginal sur la récolte totale. Les jeux sont faits, selon Ben Becher, et il devient primordial d’agir pour développer la production locale. “Nous pouvons réduire notre dépendance grâce à une vraie politique agricole, c’est-à-dire pas par des mots ou un discours mais par l’action. Nous pouvons réparer les erreurs du passé, prendre soin des cultures et encourager les rotations de culture. L’une des initiatives à mettre en place serait de garantir un prix minimum pour des cultures comme le fenugrec, le colza ou les légumineuses pour que le sol ne perde pas de sa fertilité. La seule culture dont le prix est garanti aujourd’hui, ce sont les céréales.”
La situation en 2022 a changé par rapport à quelques années en arrière. Ben Becher explique: “Nous avons vécu sur une chimère où le prix international coûtait moins cher que de produire localement. Maintenant, les prix ont changé et il faut agir en faveur de la souveraineté alimentaire.”