TEDxUniversityofCarthage, la 1ère édition de TEDx du plus grand groupe universitaire public tunisien, s’est déroulée le dimanche 19 juin. Elle a fait intervenir, comme le veut le principe des conférences TED, des personnes inspirantes qui parlent de leur parcours. Rania Toukebri, ingénieur satellite, montre les possibilités de la recherche sur l’espace.
L’espace est un défi
Rania Toukebri est ingénieur satellite en Allemagne. Elle est également la seule femme tunisienne à participer au Lunar Project. Ce projet européen rassemble des chercheurs pour travailler à rendre la Lune habitable. Rania Toukebri cite le président américain J.F. Kennedy. Dans son mémorable discours au Space Center Houston en 1962, John Fitzgerald Kennedy dit: “We choose to go to the Moon”. Il promet d’amener l’homme à mettre un pied sur la lune d’ici la fin de la décennie. Cela fut réalisé en 1969.
Rania Toukebri rappelle que les États-Unis ont investi 135 milliards de dollars pour une mission sur la Lune dans les années 60. Le discours tel que cité par le Space Center, traduit en français, met l’accent sur le challenge: “Nous choisissons d’aller sur la Lune au cours de cette décennie et de faire les autres choses, non pas parce qu’elles sont faciles, mais parce qu’elles sont difficiles, parce que cet objectif servira à organiser et à mesurer le meilleur de nos énergies et de nos compétences, parce que ce défi est un défi que nous sommes prêts à accepter, un défi que nous ne sommes pas disposés à reporter, et un défi que nous avons l’intention de gagner, et les autres aussi.”
Parcours de Rania Toukebri : dépasser les obstacles
Rania Toukebri a choisi de travailler dans le domaine de l’espace. L’un des déclics a été le départ du premier ingénieur tunisien de la Nasa à la retraite. Grâce à ses plus de 20 ans de ballet classique, elle a appris la rigueur et la discipline. Après avoir obtenu son diplôme de l’Insat, elle décide de partir exercer à l’étranger. La Tunisie n’avait pas alors assez d’investissements dans le domaine spatial.
A cause de soucis de santé, elle connaît des difficultés dans son évolution. “Mes migraines et ma perte d’appétit m’ont conduite à enchaîner les thérapies. En Tunisie, France, Allemagne, j’arrivais même à faire des sessions de soins quotidiennes”, confie-t-elle.
Le moteur de son dépassement d’elle-même a été de regarder vers le haut. “Nous avons chacun en nous une énorme quantité d’énergie. Il faut la diriger vers le haut, vers le positif. Malgré le choc qu’a représenté le décès de mon père, l’espace est ce qui m’a sauvée”, révèle-t-elle.
L’investissement dans l’espace n’est pas de l’argent perdu
Le montant des sommes investies dans l’espace paraît astronomique. Selon Rania Toukebri, certains croient que cet argent est investi dans des projets non utilisés au quotidien. Mais bien au contraire. “Les satellites sont utilisés dans énormément d’activités terrestres. Sans satellites, pas de GPS, pas de smartphones. Les données récoltées par satellite permettent également de se renseigner sur les catastrophes naturelles. Les inondations et tremblements de terre peuvent être observés à l’avance. Ainsi, les populations à risque sont prévenues”, explique-t-elle.
Rania Toukebri travaille dans le domaine spatial au-delà de son existence individuelle. “Les humains sont des explorateurs. Depuis toujours, ils cherchent à observer la capacité de vie en dehors de la Terre. Ils analysent comment les planètes sont organisées. Nous sommes une toute petite chose dans ce monde, comparé à ce qui se passe à l’échelle de l’univers. Nous ne savons pas quel est le but de la vie. Alors ayons un but qui dépasse notre propre vie”.