La réouverture des frontières tuniso-algériennes annoncée hier par le président Tebboune est une très bonne nouvelle pour notre tourisme. Nos voisins sont l’un des principaux poumons de l’industrie touristique, comme en témoignent les chiffres. Sur la période janvier 2015-mars 2022, 10 498 200 Algériens sont entrés en Tunisie. Ils pèsent beaucoup plus que des marchés européens comme les Français ou les Allemands. Nous ne pouvons pas évoquer de reprise du secteur sans leur présence. Avec les problèmes du transport aérien qui risquent de gâcher la saison, la voie terrestre pourrait offrir une bouée de sauvetage aux professionnels du tourisme.
Outre l’occupation des hôtels, les Algériens connaissent bien la Tunisie et préfèrent souvent la location de maisons. Ils font leurs courses dans les marchés et auprès des épiciers. Bref, plein de liquidité dans du quasi-informel. Certes, cela permet à des dizaines de milliers de familles d’encaisser des revenus pour leurs dépenses le reste de l’année, mais c’est également un manque à gagner pour l’Etat.
La liberté de circulation entre les deux pays est également une bonne nouvelle pour les adeptes soft du commerce parallèle. Plusieurs se déplacent en Algérie en famille pour acheter tous types de produits à bas prix, qu’ils commercialisent en Tunisie sur des pages dédiées sur les réseaux sociaux. Des voyages sont souvent organisés par des agences spécialisées, vers des souks bien précis et connus pour leur excellent rapport qualité-prix. Le système généreux des subventions algériennes a créé ce genre d’opportunités de business, en faveur du consommateur tunisien. Toutefois, cela est loin de pouvoir jouer le rôle d’un amortisseur de prix ici, car le coût d’acquisition reste très élevé.
Quel qu’il en soit, l’impact de cet événement sur l’économie tunisienne ne peut être que positif. Il faut toujours se rappeler que le coût du non-Maghreb prive les pays de la région de points précieux de croissance.