«Le chiffre qui m’a le plus intéressée est que 52% des personnes interviewées déclarent qu’il y a ‘couramment’ de la violence faite aux femmes dans leur environnement. Ce chiffre me rappelle deux enquêtes nationales réalisées par l’Office national de la famille et de la population (ONFP) sur la violence au sein du foyer en 2010, et par le Credif sur la violence dans les milieux publics en 2015. On se rend compte que les chiffres n’ont pas changé. C’est inquiétant. En plus de dix ans, la violence n’a pas diminué!», atteste Hela Ouaili, experte en statistique du genre auprès du Credif et enseignante à l’Ecole supérieure de la statistique et de l’analyse de l’information, lors de la présentation, le 4 juillet à Tunis, des résultats de la cinquième vague de l’Afrobaromètre sur l’égalité des chances et la violence faite aux femmes menée par l’institut de sondage One to One for Research and Polling.
Un second chiffre inquiète Hela Ouaili; seulement 54% pensent que les femmes seront prises au sérieux quand elles portent plainte: «Cela veut dire que 46% n’en sont pas convaincus! Pourtant, depuis la mise en place de la Loi 58, l’Etat s’est beaucoup engagé à appuyer les femmes qui viennent déclarer les violences et retenir le fait de violence, même si la femme finit par retirer sa plainte. Il y a un manque de crédibilité (par défaut de communication et au niveau des personnes appartenant aux brigades spécialisées de police) alors que beaucoup pensent que porter plainte ne va pas aboutir et que la femme ne va pas être prise au sérieux, car il s’agit pour eux d’un fait domestique qui ne devrait pas aller au-delà du foyer. Et c’est ici que l’Etat a du pain sur la planche».