La Banque centrale de Tunisie a publié aujourd’hui une note sur les évolutions économiques dans le pays.
Dans cette note, la BCT a indiqué que les prévisions établies par ses services ont revu sensiblement à la hausse la trajectoire future de l’inflation, de 0.8 point de pourcentage pour l’ensemble de l’année 2022.
“Pour la période à venir, on s’attend à ce que la politique monétaire continue à faire face à des risques inflationnistes haussiers”, ont affirmé les auteurs de la note. Et d’ajouter: “La Banque centrale, dont le mandat est de préserver la stabilité des prix, resterait vigilante quant à l’évolution de l’inflation durant la période à venir.”
Cette révision à la hausse trouve son origine dans l’accentuation récente des tensions inflationnistes observées au niveau des principaux déterminants des prix. Ainsi, l’inflation totale devrait se maintenir sur une tendance haussière, pour passer de 7% au 1er trimestre 2022 à 7,8% au dernier trimestre.
Ceci devrait donner lieu à une moyenne annuelle de 7,3% sur l’ensemble de l’année 2022.
Par principale composante, l’inflation des produits administrés devrait se maintenir à des niveaux élevés en s’établissant à 6,7% en 2022, en moyenne, après 5,8% en 2021. L’accélération de cette composante de l’inflation trouverait son origine, notamment, dans la hausse des prix de l’énergie (carburants et électricité & gaz de ville), a indiqué la BCT dans sa note.
Les perspectives élevées des prix internationaux du pétrole et l’absence d’espace budgétaire pour augmenter l’enveloppe allouée aux subventions (inscrite dans la LF-2022) pourraient, de leur côté, occasionner des ajustements à la hausse des prix et des tarifs publics plus fréquents au cours de la période à venir.
Quant à l’inflation des produits alimentaires frais, les récentes prévisions de la BCT tablent sur une progression des prix de 9,5% en 2022 après 7,1% enregistrée en 2021. Le maintien du rythme de progression de ces prix, à des niveaux historiquement élevés, est expliqué principalement par les faibles perspectives de la production de principaux produits alimentaires frais. Ceci, explique la note de la BCT, est la répercussion du stress hydrique persistant et des restrictions sur l’eau d’irrigation. Les pressions haussières provenant des coûts de production et de distribution ― effets de second tour des hausses des prix de l’énergie et des prix des intrants importés, contribuent elles aussi à cette hausse.
Pour sa part, l’inflation sous-jacente, mesurée par l’indice des prix à la consommation hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés, devrait se maintenir sur une tendance haussière graduelle pour passer de 6,3% au 1er trimestre 2022 à 7,7% au dernier trimestre, donnant lieu à une hausse de 7,1% sur l’ensemble de l’année après 5,4% en 2021.
Les perspectives haussières de l’inflation sous-jacente traduisent les effets des tensions inflationnistes au niveau des principaux déterminants, en particulier au niveau des coûts de production.
En effet, expliquent les auteurs de la note, compte tenu des délais de transmission, l’envolée récente des prix internationaux des produits de base et des matières premières devrait atteindre son plein effet sur les prix à l’import, au bout de deux trimestres, et sur les prix à la consommation au terme d’un an.
Au-delà, l’effet haussier des prix internationaux sur les prix à la consommation devrait s’atténuer graduellement tout en restant à des niveaux historiquement élevés. Également, l’accélération importante de l’inflation chez nos principaux partenaires commerciaux devrait transiter progressivement à travers les importations des biens de consommation vers les prix locaux.
En outre, la BCT indique que la hausse sensible des prix des produits énergétiques et ceux des produits alimentaires, et la persistance des goulets d’étranglement au niveau de l’offre de certains produits, ainsi que le renforcement graduel de la demande de consommation, maintiendraient les pressions sur la trajectoire de l’inflation sous-jacente.