C’est ce dont avertit Néjib Osman lors du 1er forum du réseau Pacte Mondial des Nations unies en Tunisie qui s’est tenu le 9 juin à Tunis afin de mobiliser pour la lutte contre le changement climatique, d’encourager l’adhésion aux initiatives, de partager les bonnes pratiques, proposer des ressources et des partenariats.
«Les pays sont appelés à mettre à jour leur CDN (Contribution déterminée au niveau national), car le bilan des 6 dernières années montre que nous sommes loin de la trajectoire préconisée par l’accord de Paris dont l’objectif est de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2°C (de préférence à 1,5°) par rapport au niveau préindustriel. Nous sommes forts dans la conception et la fixation des objectifs mais pas en financement pour mettre en place les projets», atteste Néjib Osman, consultant PNUD, en décrivant le rôle des secteurs public, privé et financier dans la mise en œuvre de la Contribution déterminée au niveau national devant les représentants des organismes membres du réseau Pacte Mondial, des partenaires stratégiques (représentants du gouvernement tunisien et d’organismes publics, d’organismes des Nations unies…) et d’autres invités. Un forum axé sur la thématique de la lutte contre le changement climatique avec des sujets sur le bas carbone, la Contribution déterminée au niveau national et la participation à l’atteinte des Objectifs de développement durable.
Selon lui, nous sommes tous responsables, du simple citoyen au gouvernement, mais ce sont les trois secteurs public/privé/financier qui ont le rôle le plus important. Il regrette la baisse des ambitions de trajectoire de 2,6° ou 2,7° à 2,3° ou 2,4°; tout cela loin de l’accord de Paris. «Il faut mener des actions d’atténuation dans l’ensemble des secteurs (surtout l’énergie qui est responsable du dérèglement climatique et qui constitue le plus grand gisement de carbone). Le FMI a aussi intégré les changements climatiques dans ses procédures! Il recommande de mettre le paquet, les 10 prochaines années, sur la réduction de l’empreinte carbone de 25 à 45%. C’est le court terme qui garantit le long terme!», ajoute-t-il.
Aujourd’hui, des investissements de 2,3 trillions de dollars, 5 trillions pour les 10 prochaines années, sont déployés dans la lutte contre le changement climatique et Néjib Osman estime qu’il faut orienter ces investissements vers les secteurs émetteurs de gaz à effet de serre. Des initiatives durables de financement émergent un peu partout. Pourtant, les banques continuent à financer les énergies fossiles: plus de 4 trillions de dollars!!!
Mais que rapporte la neutralité carbone aux investisseurs de tous bords? Osman nous répond que l’adoption d’une stratégie de neutralité carbone améliore l’image et la compétitivité de l’entreprise alors que les instruments financiers durables ont atteint un niveau record de 655 milliards de dollars: «Pour le cas de la Tunisie, le PNUD accompagne le gouvernement sur trois axes: mise à jour, mise en œuvre, suivi. La concrétisation? Il faut aller vers des plans d’action, des secteurs porteurs, un focus sur le secteur de l’énergie, viser une baisse de l’empreinte carbone, le plus important étant un travail d’estimation du coût et des impacts macroéconomiques.
Accélérer le plan énergétique, c’est assurer un approvisionnement au moindre coût. S’orienter vers les énergies renouvelables réduit l’impact de la facture énergétique».