Alors que la Tunisie se prépare à accueillir la 8e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD8), la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-japonaise (CCITJ) a lancé, le 19 mai, un Livre blanc qui détaille des dizaines de projets dont le but est de concrétiser la coopération triangulaire Japon/Tunisie/Afrique. Un point culminant de la Roadmap de la TICAD8 en présence de l’ambassadeur du Japon à Tunis, ainsi que des ambassadeurs du Mali, Sénégal, Guinée équatoriale, des officiels tunisiens, FIPA, APII, TIA…
La date définitive est désormais officielle: la huitième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD8) se tiendra les 27 et 28 août 2022. Cette annonce est le moment idéal pour la présentation du Livre blanc de la conférence. C’est ce dont atteste Hédi Ben Abbès, président de la Chambre de commerce et d’industrie tuniso-japonaise (CCITJ), auteur du rapport. Il retrace, non sans une fierté évidente, le travail acharné de la ‘petite équipe’ de la Chambre pour y parvenir.
Obsession des projets concrets!
« Nous avons travaillé nuit et jour depuis le 4 décembre 2020 avec l’obsession des projets concrets pour que la TICAD8 ne soit pas uniquement un fait de relations publiques. Nous avons tenu à dégager des outputs, des projets qui s’inscrivent dans la triangularité. Pour en respecter le principe, nous avons constitué un comité de sélection. Et le Livre blanc n’en est qu’à sa première édition alors que la Tunisie traverse une période difficile et que nous avons besoin de moutures successives dans l’esprit multilatéral. Nous y croyons, car le centre de gravité des intérêts internationaux s’est déplacé vers l’Afrique », atteste Ben Abbès.
Sur une centaine de projets reçus, une trentaine a été sélectionnée. Ces projets sont détaillés dans ce document de référence qu’est le Livre blanc. Une préférence a été accordée aux startups et à l’innovation. La 2e édition du Livre sera réalisée en juillet prochain. Une 3e édition sortira le 26 août. «Le Livre reste ouvert pour que nos amis africains y ajoutent leurs projets. Nous sommes en milieu de chemin avec la contribution de nos partenaires japonais qui y ont participé de manière significative, avec une constance intellectuelle et économique », commente-t-il.
« La Tunisie doit se mettre en valeur, montrer ses atouts »
Shinsuke Shimizu, ambassadeur du Japon en Tunisie, opine: «Notre ambassade est un partenaire et un facilitateur dans ce processus. Le premier point à retenir: la TICAD est en partenariat sur un pied d’égalité. Second point: le principe d’appropriation. Notre modèle de développement pour l’Afrique est en ownership/partnership. Le secteur privé joue un rôle primordial. Le principal outil est l’aide publique au développement».
L’ambassadeur insiste pour redresser deux malentendus. D’abord, la TICAD n’est pas un programme bilatéral, mais multilatéral. Ensuite, il n’y a pas d’enveloppe fixe pour la Tunisie, cela dépend d’elle et de ses projets concrets. « Pour que la Tunisie profite des opportunités de la TICAD, elle doit se mettre en valeur vis-à-vis des investisseurs japonais, montrer quels sont les atouts du pays, son savoir-faire, ses connaissances, sa présence. Le Livre blanc est donc très utile et très mobilisateur pour les investisseurs japonais!», atteste-t-il.
Une conférence de presse pour mobiliser!
Une insistance particulière a été déployée à propos des efforts à consentir par la Tunisie. Juste après la séance de présentation du Livre blanc, les organisateurs ont tenu un point de presse où ils ont profité des réponses aux questions des journalistes pour véhiculer ce message. L’ambassadeur souligne que le sens du Livre blanc, ce sont les idées originales et les projets concrets.
Quant à Hédi Ben Abbès, il soutient que la trentaine de projets de base ne sont qu’une première vague. D’ici la TICAD, on en sera au minimum à 70 projets. «Nous devons emprunter une approche business; c’est à nous de ‘vendre’ nos projets, si nous ne réussissons pas, ce sera notre faute. Les 20 milliards de dollars annoncés lors de la TICAD7 ne sont que des promesses faites à la condition de la qualité des projets. Nous avons insisté sur la maturité des projets, leur capacité à être ‘implémentables’ rapidement », avertit-il.
Pour finir, on rappelle que la TICAD8 n’est que le commencement. La TICAD9, dans trois ans au Japon, sera encore plus significative pour la Tunisie. Avant cela, il y aura le forum de Tunis dans deux ans. Nous devons préparer la TICAD9 dès maintenant. En matière de financement, les outils multilatéraux sont impliqués: BM, IFC, BAD, BIRD…
Un dernier mot de Ben Abbès: «Il faut faire bouger la machine tunisienne. Il faut lever certaines barrières, nous allons nous y atteler un à un! Oser et convaincre par les bonnes idées. L’environnement des affaires doit être réceptif et attrayant. Aller chercher les investisseurs, pas l’inverse!».