L’Espagne pourrait devenir le premier pays occidental à autoriser les femmes à prendre plusieurs jours de «congé menstruel» chaque mois en vertu d’un projet de loi qui sera présenté la semaine prochaine.
Mais la question s’avère controversée. Les politiciens et les syndicats sont divisés sur un plan dont certains craignent qu’il ne se retourne contre eux et ne stigmatise les femmes sur leur lieu de travail.
Le gouvernement espagnol devrait approuver le congé menstruel dans le cadre d’un projet de loi plus large sur la santé reproductive et les droits à l’avortement, dont les détails devraient être divulgués mardi.
La loi proposée introduirait au moins trois jours de maladie par mois pour les femmes qui souffrent de douleurs menstruelles sévères, selon le journal El Pais.
Le journal rapporte que ce “congé sous surveillance médicale” pourrait même être étendu à cinq jours pour les femmes aux règles invalidantes qui souffrent de crampes sévères, de nausées, de vertiges et de vomissements.
Dans le monde, le congé menstruel n’est actuellement proposé que dans un petit nombre de pays, dont le Japon, Taïwan, l’Indonésie, la Corée du Sud et la Zambie.
“Si cette législation espagnole est adoptée, et s’il s’agit de congés payés, elle établira une nouvelle norme mondiale, une norme d’or”, a déclaré à Euronews Elizabeth Hill, professeure associée à l’Université de Sydney, qui a étudié de manière approfondie les politiques de congé menstruel dans le monde entier.
Selon la Société espagnole de gynécologie et d’obstétrique, environ un tiers des femmes qui ont leurs règles souffrent de douleurs intenses appelées dysménorrhées.
Les symptômes comprennent des douleurs abdominales aiguës, de la diarrhée, des maux de tête et de la fièvre.
“Lorsque le problème ne peut pas être résolu médicalement, nous pensons qu’il est très logique qu’il y ait une incapacité temporaire associée à ce problème”, a déclaré Ángela Rodríguez, secrétaire d’État espagnole à l’égalité et contre la violence sexiste, au journal El Periodico dans une récente interview.
“Il est important de clarifier ce qu’est une période douloureuse, on ne parle pas d’un léger inconfort, mais de symptômes graves comme la diarrhée, de violents maux de tête, de la fièvre”, a-t-elle ajouté.
Alors que l’extrême gauche Podemos fait pression pour cela, certains socialistes ont exprimé leur inquiétude qu’un congé menstruel puisse se retourner contre les femmes en décourageant les employeurs de les embaucher.
Cristina Antoñanzas, secrétaire adjointe de l’UGT, un important syndicat espagnol, a même averti que cette décision pourrait “stigmatiser les femmes”.
“A long terme, c’est peut-être un handicap de plus pour les femmes en vue de trouver un emploi”, a-t-elle déclaré à Euronews.