Le visage de Shireen Abu Akleh, journaliste pour la chaîne Al-Jazeera, a fait le tour des médias en cette sombre matinée du mercredi 11 mai. Alors qu’elle était en exercice, couvrant des affrontements à Jénine (Cisjordanie occupée), elle a été tuée par balles. Son corps a été emporté, distinguable parmi tous avec son gilet “Presse”, et elle a succombé à ses blessures.
Mohamed Messara, photographe de guerre pour l’agence de presse allemande EPA, installé en Tunisie, s’indigne de ce drame: “L’événement qui a eu lieu aujourd’hui est un drame pour tous les journalistes et les reporters de guerre. Le métier de journaliste et de reporter est risqué, et beaucoup décèdent sur le terrain”.
La part de risque fait partie du métier: “Le risque est omniprésent en situation de guerre. Il faut être bien protégé en portant un casque et un gilet pare-balles. Mais même avec une bonne protection, le danger est présent. Par exemple, lorsque j’ai reçu une balle à l’épaule le 20 octobre 2011 lors de la guerre en Libye, le gilet pare-balles m’a sauvé. D’autres collègues, moins chanceux, sont décédés malgré les protections”.
Messara a couvert de nombreuses guerres: décennie noire en Algérie, Irak (2004-2005), Liban en 2006, Libye en 2011. Chaque guerre a ses spécificités, que les reporters apprennent sur le terrain: “Les guerres ne se ressemblent pas, chaque guerre a sa spécificité. La guerre du Liban avait plus de bombardements, alors que la guerre en Libye avait plus de corps-à-corps”.
Également, la guerre en Ukraine a fait des victimes du côté des photographes et des reporters. Concernant l’avenir, Messara n’est pas optimiste: “Le journalisme et le reportage de guerre sont des métiers risqués. Cet événement ne va malheureusement pas changer les choses pour l’avenir”.