Une fois le/la candidat(e) élu(e) en France, quelles en seront les conséquences pour la Tunisie? Mohamed Baccouche explique les répercussions des résultats des présidentielles sur les relations franco-tunisiennes.
Selon M. Baccouche, l’essentiel pour les Tunisiens et la Tunisie est de ne pas oublier les points suivants: la France est le premier partenaire économique de la Tunisie, 6 à 7% de la population tunisienne est en France et les entreprises et institutions tunisiennes doivent prendre en compte le poids de la France dans leur stratégie.
M. Baccouche affirme que l’impact sur la Tunisie dépendra d’abord de la réaction des acteurs tunisiens. Il a déclaré: “Il faut adopter une approche entrepreneuriale, afin de préserver au mieux les intérêts de la Tunisie avec ce partenaire de premier plan”.
D’après M. Baccouche, Emmanuel Macron est libéral d’un point de vue institutionnel et économique et pro-européen. Sa réélection signifie plus des relations plutôt difficiles avec les autorités tunisiennes qui sont plutôt populistes. Un dialogue compliqué malgré une image extrêmement positive de la Tunisie auprès de M. Macron et de l’élite économique française. La fin rapide de l’état d’exception en Tunisie aura donc son importance dans l’hypothèse d’un second mandat d’Emmanuel Macron. Enfin, le gouvernement français ne souhaite pas voir de situation chaotique en Tunisie, car cela aurait un impact très fort sur les flux migratoires. Finalement, la Tunisie a une importance stratégique majeure pour l’Europe qui dépasse son poids économique.
“Un mandat Marine Le Pen s’accommoderait sans doute mieux avec le régime d’exception actuellement en vigueur en Tunisie, mais pourrait être brutal sur les questions migratoires.” M. Baccouche reste optimiste, quelle que soit l’issue du vote. La France est en effet un État de droit qui protège les droits fondamentaux, y compris des immigrés.
Au-delà du résultat du vote, M. Baccouche est optimiste concernant l’image de la Tunisie à l’international. “Dans le monde économique, la Tunisie bénéficie d’a priori positifs grâce aux relais et à la qualité de nos compétences. Il faut trouver une solution où on construit un projet qui garde une partie des compétences en Tunisie et leur ouvre des opportunités en France et dans d’autres pays. La France doit apprendre à accueillir ces compétences, pour qu’elles ne choisissent pas d’autres destinations comme l’Allemagne, le Canada ou les Etats-Unis”.
Selon M. Baccouche, la pandémie a été une crise majeure, mais cette dernière ouvre des opportunités pour la Tunisie: la digitalisation de l’économie permet plus facilement aux entreprises tunisiennes de participer à l’économie mondiale, surtout vu le nombre de talents qui émergent tous les ans du système tunisien. Il nous faut anticiper de plus en plus l’évolution du monde pour offrir un avenir meilleur à nos jeunes et stopper la fuite massive des cerveaux, tout en encourageant les échanges internationaux de compétences dans les deux sens, qui restent une chance d’un point de vue économique et culturel”.