Le premier tour des élections présidentielles en France a été clôturé hier avec Macron et Le Pen en tête, selon les estimations (27.84% et 23,15% respectivement). Il est évident que le gagnant du second tour aura un impact important sur les relations entre la Tunisie et la France, l’un de ses principaux partenaires économiques.
Mohamed Baccouche est un tunisien qui a plus de 20 ans d’expérience à son actif dans l’assurance à l’international [@Baccouche_med]. Lors d’une interview avec Managers, il se confie sur les élections présidentielles françaises, et également sur la situation économique tunisienne.
Concernant les résultats des élections, il se contente des prévisions des instituts de sondage. Normal pour un statisticien.: “Je n’ai pas d’autres informations plus pertinentes. Pour les Tunisiens, il est important de comprendre et d’agir pour tirer parti de la situation, peu importe l’issue des élections.”
Les candidats ont un programme, qu’ils n’appliquent pas à 100%, comme tous les candidats. En effet, les mécanismes légaux et constitutionnels empêchent l’application des programmes en l’état. C’est pour cela qu’il faut suivre les programmes et anticiper les futurs changements.
Lorsqu’on lui demande qui serait le partenaire le plus favorable au renforcement des relations franco-tunisiennes, il accorde à chaque candidat ses avantages et ses inconvénients. Concernant Macron, l’aspect économique serait très positif mais l’aspect institutionnel serait très compliqué. Concernant Le Pen, d’un point de vue institutionnel, la France pourrait gérer la Tunisie comme les USA de Donald Trump avaient géré le Mexique. Elle pourrait être extrêmement brutale sur les questions migratoires. Mais son caractère populiste pourrait faciliter le dialogue avec les autorités tunisiennes actuelles. Enfin, elle a tellement de défis concernant l’Europe que les relations avec la Tunisie ne seront pas dans son radar. Pour la Tunisie, il y a des choix cruciaux d’action très différentes selon le résultat de cette élection aussi bien dans le cas où l’on est un chef d’entreprise que pour les autorités politiques.
La question de l’immigration est un sujet sensible en France, et qui concerne beaucoup de Tunisiens et de binationaux. Selon Baccouche, le débat des présidentielles sur les questions migratoires était plutôt caricatural. Il n’y a pas de quantification de ce qu’apportent les immigrés à la France ni la constitutionnalité des mesures réduisant leur accès aux prestations mais pas aux contributions. Cette situation est semblable au débat avant le Brexit sur le coût de l’Europe et de la frontière irlandaise : les questions non débattues lors de la campagne ont finalement un impact majeur sur l’application des propositions. Le débat n’ayant pas été approfondi, le niveau d’échange est resté plutôt bas. Il y aura, sans doute, une différence entre programme et application. L’Etat de droit en France et le droit européen empêchent d’avoir des conséquences qui seraient dramatiques. “Je ne suis pas très inquiet de ce point de vue-là”, conclut-il.