S&P Global Ratings s’attend à ce que les banques notées du Moyen-Orient et d’Afrique ne seraient pas lourdement impactées par le conflit russo-ukrainien “en raison de leurs relations limitées avec les contreparties russes et ukrainiennes”.
Dans le rapport Middle East And African Banks: Varied Exposure To Russia-Ukraine Conflict publié cette semaine, l’agence de notation note que, en plus de la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires, la montée de l’aversion au risque des investisseurs “pourrait rendre encore plus vulnérable des systèmes bancaires ayant une dette extérieure nette substantielle”.
Cependant, l’agence de notation indique que le secteur bancaire tunisien est parmi ceux de la région les plus susceptibles de “souffrir des effets indirects négatifs”. En effet, la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires risque d’affaiblir la capacité déjà limitée du pays à honorer ses engagements financiers. L’agence de notation souligne également que le risque souverain élevé pourrait nuire considérablement aux banques.
De son côté, l’éventuel aboutissement des négociations de la Tunisie avec le FMI dépendrait de la mise en place des réformes des entreprises publiques. A noter que ces négociations durent déjà depuis plus d’une année. S&P souligne, dans ce cadre, qu’à la fin de 2020, les engagements du secteur public chez les banques représentent 16.5% du total des actifs des ces dernières.
Les analystes de S&P s’attendent à ce que les créances irrécouvrables demeurent élevées sur les 12 à 24 prochains mois. Ainsi, ils prévoient des pertes de crédit d’environ 150 points de base en 2022, contre 140 en 2020. Le ratio des créances douteuses pourrait atteindre 13% en 2022, selon le rapport.
Aussi, la faiblesse des revenus dans un contexte de ralentissement de l’activité économique, de pertes sur créances élevées et d’augmentation des coûts exercera une pression sur les ratios de fonds propres des banques. S&P Global prévoit que les crédits aux particuliers n’augmenteront que de 2% en 2022. “Les pressions inflationnistes et l’incertitude de la politique économique pèseront sur la reprise”, ont expliqué les auteurs du rapport.
La dette extérieure nette représentait moins de 14% des prêts domestiques en 2021. Elle intègre principalement les dépôts des sociétés offshores et des expatriés tunisiens ainsi que les lignes de crédit des institutions multilatérales de prêt. Les banques continuent de dépendre du financement de la Banque centrale de Tunisie en raison de l’étroitesse du marché local des capitaux et d’une faible base de dépôts.