Hier, le London Metal Exchange (LME) a été contraint de suspendre momentanément le négoce du nickel et d’annuler les transactions après que les prix du métal ont doublé à plus de 100 000 dollars par tonne.
Le nickel est un ingrédient essentiel des cellules de batterie lithium-ion utilisées dans la plupart des équipements électriques, y compris les ordinateurs portables, les smartphones et les véhicules électriques.
En Tunisie, les importations de nickel sont limitées: en 2021, les importations de ce métal ont été de 452 mille tonnes, d’une valeur totale de 36 millions de dinars, d’après les chiffres publiés par l’INS.
Mais le nickel n’est pas le seul métal qui a été touché par la flambée des prix. Prenons le cuivre, par exemple. Durant les 12 mois de 2021, nous avons importé 55 mille tonnes de ce métal, pour une valeur totale de 1.5 milliard de dinars. Sur les marchés internationaux, le prix de ce métal a connu une hausse annuelle de 15.7%.
Nos importations d’aluminium sont aussi importantes avec un volume total en 2021 de 68 mille tonnes à 764 millions de dinars. Le prix de ce composant essentiel dans plusieurs secteurs a crû de 65.4% en une année. Depuis le mois dernier, la hausse de prix a été estimée par Trading Economics à environ 9%.
Pour le fer, le métal le plus importé en Tunisie, le prix a connu une hausse de 12% en une semaine et de 9% depuis le mois dernier. Cela dit, les prix de ce métal clé ont marqué une baisse de 4.4% par rapport aux niveaux atteints en mars 2021. Pour rappel, nous avons importé en 2021 plus de 1.2 million de tonnes de fer, d’une valeur de 3.5 milliards de dinars.
Cette hausse de prix va également impacter plusieurs secteurs clés tels que l’automobile. Les constructeurs de véhicules sont déjà impactés par la crise des puces électroniques. Dans une conférence de presse organisée la semaine dernière, Carlos Tavares, directeur général de Stellantis, a affirmé que “nous avons une escalade des coûts provenant des matières premières et de l’énergie qui va mettre plus de pression sur le modèle commercial”.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie fait grimper le prix des métaux utilisés dans les voitures, de l’aluminium dans la carrosserie au palladium dans les convertisseurs catalytiques en passant par le nickel de haute qualité dans les batteries des véhicules électriques, et les conducteurs paieront probablement la facture.
Alors que les métaux n’ont pas encore été la cible de sanctions occidentales, certains expéditeurs et fournisseurs de pièces automobiles évitent déjà les produits russes, ce qui exerce une pression accrue sur les constructeurs automobiles déjà sous le choc d’une pénurie de puces et de la hausse des prix de l’énergie.
Andreas Weller, directeur général d’Aludyne, qui fabrique des pièces moulées sous pression en aluminium et en magnésium pour les constructeurs automobiles, a déclaré que son entreprise européenne a connu une augmentation de 60% du coût de l’aluminium au cours des quatre derniers mois, ainsi qu’une flambée des factures énergétiques.
Avec une production de 108 millions de tonnes l’an dernier, la Russie est le cinquième producteur mondial de minerai de fer, selon le Crédit Suisse, approvisionnant les sidérurgistes européens qui sont désormais confrontés à des prix plus élevés et à d’éventuelles difficultés d’approvisionnement en métal.