Depuis que la loi sur le crowdfunding a été approuvée par l’Assemblée des représentants du peuple en 2020, elle est restée sans effet aucun, et pour cause: l’absence de textes d’application. Cela devrait changer rapidement.
Marouane Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, a annoncé aujourd’hui que “la panoplie juridique” de la loi en question sera publiée “dans les prochains jours” afin qu’elle soit “effectivement” appliquée. Intervenant à une conférence organisée aujourd’hui par le ministère des Affaires culturelles, Abassi a indiqué que le crowdfunding peut représenter “un mode de financement plus souple qui permet [aux entrepreneurs] de s’affranchir des conditions du système de financement classique”.
Le gouverneur de la BCT a indiqué que le crowdfunding constitue “un modèle alternatif de financement surtout pour les activités populaires qui demandent à une communauté de s’impliquer socialement en soutenant leur développement”.
L’intervention de Abassi a eu lieu à l’occasion d’une conférence tenue ce matin à la Cité de la Culture sur le thème des industries créatives et culturelles. Il a souligné dans ce cadre que cette filière est considérée par le système bancaire en tant qu’activité à “très haut risque”. Ce constat, a-t-il ajouté, a été “renforcé par le taux d’impayés des entreprises de la filière qui s’avère largement supérieur à la moyenne nationale”.
Le gouverneur avait révélé au début de son intervention quelques chiffres sur le financement des projets de l’industrie culturelle et créative. On découvre ainsi que l’encours des crédits octroyés à 388 bénéficiaires appartenant à la filière a atteint les 40.8 millions de dinars, ce qui représente moins de 1% des concours aux professionnels. “20% de cet encours sont des impayés et on compte 157 bénéficiaires [qui sont] en défaut”, a-t-il ajouté.
Marouane Abassi reconnaît cependant que ce secteur reste sous-financé, un fait qui peut s’expliquer, selon le banquier central, par trois “raisons objectives”: des demandes de financement “peu structurées”, des revenus peu prévisibles, et des conditions exigées par les banques notamment celles en relation avec les fonds propres et les garanties ne sont pas adaptées à la nature de l’activité culturelle.
Pour faciliter l’accès des porteurs de projets dans l’ICC, un Fonds de garantie des industries culturelles a été mis en place en 2002, a rappelé Abassi dans son intervention, afin de partager le risque avec les banques. Mais “le nombre cumulé des déclarations à la garantie de fonds n’a pas dépassé les 33 déclarations depuis sa création”, a-t-il révélé. Ces déclarations, ajoute le speaker, concernaient 230 crédits “seulement” pour un montant global de 4.2 millions de dinars.
Et de poursuivre: “L’opération n’a pas donc permis d’obtenir les résultats escomptés suite au faible recours à ce mécanisme”.