Selon les prévisions de la Banque mondiale, la reprise restera lente en 2022–23. C’est ce qui est affirmé dans le bulletin de conjoncture de la Banque mondiale pour la Tunisie pour l’hiver 2021, intitulé “Réformes économiques pour sortir de la crise”.
Cette proposition est valable à moins que, selon ce même rapport, des réformes structurelles décisives n’abordent les rigidités évoquées dans ce bulletin. La baisse progressive du déficit budgétaire devrait se poursuivre à moyen terme, pour atteindre 5 à 7 % du PIB en 2022–23, compte tenu de la réduction attendue des dépenses liées à la santé et à condition que la trajectoire modérément positive des dépenses et des recettes soit maintenue.
Ces prévisions sont assorties de risques importants de détérioration dans la mesure où la reprise sera tributaire de plusieurs facteurs, notamment de la capacité du gouvernement à 1) Contenir l’évolution de la pandémie, à travers particulièrement la poursuite des efforts de vaccination ainsi que l’efficacité dans les mesures ciblant les nouveaux variants éventuels, tels que Omicron ; 2) Parvenir à financer les déficits publics et le remboursement de la dette et maintenir la stabilité macroéconomique du pays. Pour cela, un climat politique, économique et social propice à la mobilisation des ressources et la confiance des investisseurs est nécessaire. C’est dans ce sens que les négociations pour un programme avec le FMI, indispensable pour le soutien des institutions internationales et régionales ainsi que la coopération bilatérale, ont été entamées; et 3) Réduire les barrières à l’allocation optimale des ressources.
La partie B présente en détail ces barrières, qui expliquent pourquoi, dix ans après la révolution, l’intensité de la concurrence a diminué. La création d’entreprises dynamiques a aussi décéléré par rapport à la période d’avant 2011. Ces barrières se répartissent en trois groupes. Premièrement, l’État fausse la concurrence sur les marchés par le biais de contrôles a priori. La réglementation tunisienne restreint la concurrence dans la majorité des secteurs productifs, y compris ceux qui génèrent des externalités, limitant l’entrée de nouvelles entreprises et facilitant la collusion entre les entreprises établies. Deuxièmement, l’État supplante le secteur privé par la propriété directe d’entreprises publiques qui bénéficient, de surcroît, d’un traitement préférentiel. Le gouvernement tunisien possède ou favorise des entreprises publiques dans un large éventail de secteurs productifs, dont trois des quatre secteurs couverts par la CPSD. Troisièmement, malgré des progrès récents, le cadre institutionnel et réglementaire de la politique de la concurrence reste en cours de développement et ne protège pas les acteurs du marché contre les pratiques commerciales anticoncurrentielles.
Il est indispensable de limiter les obstacles à la concurrence et à la faiblesse de l’application des règles pour aider l’économie tunisienne à sortir de la crise, à retrouver une trajectoire durable et à profiter aux ménages via plus d’opportunités d’emploi et un meilleur pouvoir d’achat. Une approche globale plutôt que sectorielle pourrait être nécessaire pour supprimer les restrictions à la concurrence, comme le suggère l’expérience de la réforme du régime des autorisations de 2018. Le renforcement du Conseil de la concurrence est également crucial pour garantir l’application de pratiques de concurrence loyale dans tous les secteurs.