La BMCE Capital Securities a organisé ce matin son webinaire annuel pour présenter sa vision pour le marché actions tunisien.
Le début était avec une analyse macroéconomique de la Tunisie en 2021. La majorité des indicateurs ont subi l’impact de la crise sanitaire et la croissance ne devrait pas dépasser 3%, selon les institutions financières internationales (FMI et Banque mondiale). L’amélioration des recettes propres de l’Etat, fiscales et non fiscales, n’a pas pu décélérer les besoins de financement qui ont atteint 20 milliards de dinars. Le taux de couverture des importations par les exportations a reculé sous le poids de la facture énergétique et du déficit commercial. Pour 2022-2023, la croissance devrait s’établir, respectivement, à 3,5 et 3,3%.
En 2021, le Tunindex a gagné 2,4%. L’année a été marquée par une série d’événements comme la décision de la BCT d’autoriser la reprise de la distribution de dividendes par les sociétés financières, la dégradation de la note souveraine par Moody’s ou le 25 juillet. Le volume de la cote de la Bourse a progressé de 6,9% par rapport à 2020, avec des opérations phares comme la sortie de BNP Paribas du capital de l’UBCI et la montée de Partner Investment dans le capital de la SFBT. Le marché a affiché un yield plus élevé que ses pairs, à 5,2%.
La BMCE a opté pour une stratégie d’investissement prudente basée sur trois axes:
– Un positionnement sur les valeurs défensives, comme SAH Lilas, la SFBT et Délice Holding qui combinent la bonne santé financière et la résilience de leurs business models,
– Une préférence pour les sociétés exportatrices telles que la Sotuver et OTH,
– Une orientation yield, avec les valeurs qui ont un rendement élevé.
Les prévisions demeurent optimistes pour le reste de l’année en dépit du contexte politique. La situation sanitaire s’est nettement améliorée et il y aura rebond de la croissance.
Selon les chiffres du T4 21, les sociétés industrielles ont affiché des performances encourageantes. Les banques, desquelles la trajectoire du Tunindex dépend, devraient annoncer une croissance des bénéfices en 2021. Les établissements de crédit bénéficieront de l’absence de dépenses exceptionnelles (dons au fonds 1818), mais il y aura aussi une hausse du coût du risque.
Le bureau de recherche a une préférence pour quatre valeurs qu’il recommande.
Il y a d’abord la BIAT qui a une stratégie de digitalisation de ses services bancaires qui peuvent être qualifiés de haut de gamme. En parallèle, elle a déployé une stratégie d’optimisation qui vise une efficience opérationnelle élevée et qui devrait lui permettre de réduire ses coûts opérationnels. Une altération de la qualité des actifs et l’application des IFRS à partir de 2023 sont prises en considération. La BMCE table sur un PNB 2022 de 1,2 MdsTND et un bénéfice net de 297 MTND cette année.
Le deuxième titre est Délice Holding qui bénéficie de l’apport de Danone et de sa bonne gouvernance. Bien qu’il y ait un risque de change à cause de l’importation des matières premières et de l’encadrement des prix sur le marché local, le modèle économique de la société agroalimentaire reste solide. BMCE s’attend à un chiffre d’affaires 2022 de 1 198 MTND et à un résultat d’exploitation de 95 MTND.
Le troisième titre est OTH. La société a mis en place une stratégie qui vise à réduire sa dépendance au marché européen. Désormais, elle cherche à mieux placer la destination USA dans sa structure d’exportation avec une part de 1% d’ici 2024. Le chiffre d’affaires 2022 serait de 1 004 MTND et le résultat net part du groupe s’établirait à 51 MTND.
Enfin, il y a la Sotuver qui a continué à tirer profit de la reprise des exportations et de l’entrée en exploitation de ses investissements réalisés durant les années précédentes. Le chiffre d’affaires 2022 devrait atteindre 119 MTND, permettant un résultat net de 22 MTND.
Les analystes de la BMCE restent globalement optimistes pour cette année. Certes, il y a des risques concrets comme une nouvelle dégradation de la note souveraine, la hausse de l’inflation, l’augmentation des prix des matières premières ou l’inaccessibilité aux financements extérieurs. Toutefois, l’Etat devrait réussir à surmonter ces difficultés. Le marché actions reste plus attractif que celui de la dette, bien que cette dernière offre un rendement garanti pour les prochaines années. Un risque calculé rapportera toujours mieux que les titres de créance.