L’écart constaté entre ce qui a été réalisé et les attentes des mouvements qui ont touché depuis plus de 10 ans les pays de l’Afrique du Nord dénote, selon Farid Belhaj, une révision en deçà des espoirs du contrat social. “Nous avons toujours les mêmes problèmes [qu’avant 2011] mais qui ont été aggravés par plusieurs dérives, dont les lacunes en termes de gestion”, a-t-il ajouté.
Le vice-président de la Banque mondiale s’est exprimé lors de sa participation à la conférence “Dix ans après le printemps arabe” organisée par la Faculté des Sciences économiques et de Gestion, en partenariat avec la Fondation Friedrich Naumann pour la Liberté.
En Tunisie, comme dans le reste des pays de la région, le contrat social date de la période précoloniale “où l’Etat fait tout”, a noté l’expert, ajoutant que le citoyen, de l’autre côté, “n’avait pas son mot à dire dans la conduite” des affaires du pays.
Belhaj a donc appelé à la mise en place d’un nouveau contrat social “qui devra être basé sur plus de responsabilisation de la société civile”. Le VP pour la région à la Banque mondiale a affirmé que les gouvernants “ne peuvent pas continuer à gérer la vie quotidienne des citoyens” notamment à travers les subventions. En subventionnant un produit, a-t-il expliqué, l’État pousse le citoyen à en consommer davantage. “La compensation tue la démocratie; elle tue la capacité du consommateur à faire ces choix”, a-t-il ajouté.
Belhaj a soutenu qu’en donnant au citoyen la capacité de faire ses choix, en recevant directement du cash, l’État allège le poids de la compensation sur son budget mais aussi inculque plus de justice. “Pourquoi l’État doit-il subventionner le carburant alors que la plupart des citoyens ne pourront pas en bénéficier?”, a-t-il expliqué.