Plus de 100 000 soldats russes ont été amassés près de l’Ukraine dans ce que plusieurs gouvernements indiquent être des préparatifs par l’armée russe pour envahir son voisin.
Si la paix ne prévalait pas, les Ukrainiens tournés vers l’ouest paieraient le prix le plus élevé. Mais dans le pire des cas, le coût d’une invasion russe majeure de l’Ukraine ― l’un des plus grands exportateurs de céréales au monde ― pourrait se répercuter sur le monde, et sur la Tunisie.
Les deux pays sont en effet d’importants fournisseurs pour notre pays.
En 2021, par exemple, nos importations de la Russie ont atteint 1.5 milliard de dinars, contre des exportations de 58 millions de dinars. De l’Ukraine, nous avons importé la contrepartie de 1.4 milliard de dinars, avec seulement 12.6 millions de dinars d’exportations.
Les céréales sont l’un des produits que la Tunisie importe le plus des deux pays, notamment l’Ukraine qui, en 2019, a été à l’origine de 43% de nos importations en céréales. Toute perturbation dans les deux pays peut donc avoir des conséquences directes sur la disponibilité des produits à base de céréales sur le marché tunisien.
Contactée par nos soins, une source auprès de l’Office national des céréales a indiqué à Managers que l’office est en train de suivre la situation de près, tout en précisant que le choix du pays d’origine pour les produits achetés est fait par les fournisseurs de l’office. “Si un conflit se déclenche, nous pouvons leur demander de chercher dans d’autres régions pour éviter les mauvaises surprises”, a souligné notre source.
Hélas, ceci peut ne pas être suffisant.
La Russie et l’Ukraine représentent environ 30% des exportations mondiales de blé, et l’Ukraine exporte environ 16% des exportations mondiales de maïs. Une invasion créerait le chaos en Ukraine ― l’empêchant d’exporter ses produits ― et des embargos contre les exportations de céréales russes. Avec des ratios stocks/utilisation des principaux exportateurs mondiaux déjà proches ou à des niveaux record, toute perturbation des flux d’exportation fera grimper les prix en flèche.
Une telle hausse viendrait donc prolonger les tendances haussières qu’ont connues les marchés mondiaux des produits alimentaires et qui ont atteint, en 2021, les 28% ― leur plus haut niveau en dix ans, selon l’agence alimentaire des Nations unies. Les inquiétudes liées à la guerre ont déjà poussé les prix à terme du maïs à leurs plus hauts niveaux depuis juin et ont fait grimper les prix à terme du blé à des sommets de deux mois avant un récent soulagement.
Donc même si la Tunisie sera capable de s’approvisionner en céréales dans d’autres marchés, le risque de payer cher ces achats reste important. Faut-il alors prendre des précautions spéciales ? Pas selon notre source à l’Office des céréales : “Les quantités disponibles aujourd’hui sur les marchés sont suffisantes et les prix abordables”, a-t-elle assuré.