Alors que le Bureau/Hub régional de Clarke Energy (d’abord pour le Maghreb puis pour l’Afrique) vient d’être inauguré il y a juste quelques jours, notre interlocuteur, Didier Lartigue, directeur général pour la France et l’Afrique francophone, retrace une expérience de cogénération qui dure depuis 14 ans en Tunisie et qui semble vouloir culminer vers le soutien de notre pays dans deux domaines particulièrement épineux ; celui d’utiliser les décharges publiques pour la production d’énergie et celui du soutien du fournisseur national d’énergie.
C’est une expérience qui dure depuis 14 ans quand Clarke Energy a décidé de s’implanter en Tunisie. Aujourd’hui, c’est une quarantaine de personnes et une success story qui ne s’est jamais démentie depuis le premier jour. Notre interlocuteur nous parle d’une décision d’implantation considérant que le continent africain pouvait être un vrai relais de croissance pour l’activité cogénération européenne.
La cogénération pour tous
C’est le cas aujourd’hui après une progression qui a commencé au Lac 1 dans un petit local, ensuite au Lac 2 dans un local plus grand, et maintenant dans un bâtiment important qui prouve que la croissance de Clarke Energy va bon train. Une croissance dont l’objectif est d’équiper la plupart des industriels en unités de cogénération ; cette production simultanée de deux formes d’énergie (fossiles et renouvelables) qui valorise l’énergie généralement rejetée dans l’environnement (notamment la chaleur).
A la clef, une très forte efficacité énergétique qui est d’un intérêt économique évident pour le client, puisqu’elle allège son poste énergie ainsi que pour la Tunisie en permettant d’économiser de l’énergie primaire – notamment le gaz -, poste qui n’est pas autosuffisant en Tunisie. « Nous sommes distributeurs en Tunisie d’un matériel fabriqué en Autriche. Notre métier est d’en assurer l’ingénierie, l’installation et la maintenance sur le long terme. Notre ambition étant de garantir au client son business model économique en lui faisant faire des économies. Nous avons des équipes de maintenance qui représentent 50% de notre effectif et ces équipes sont auprès de la machine et elles font en sorte que les performances et la disponibilité des équipements soient au maximum. De ce fait, le client bénéficie d’un allègement important de charge en énergie qui lui permet d’être plus compétitif au niveau du marché domestique et à l’export pour les entreprises totalement exportatrices », explique notre interlocuteur.
Une carte à jouer pour l’environnement
Selon lui, la Tunisie gagnerait à faciliter la cogénération, mais il reconnaît que cet aspect cogénération a été déjà pris en compte. Il insiste cependant sur l’ambition de Clarke Energy de passer du domaine industriel à celui environnemental, soulignant que la cogénération est capable de résoudre le dilemme récurrent des décharges publiques et de renforcer la production de la STEG jusqu’à un certain point : « Vous avez des décharges en Tunisie et des stations d’épuration et il se trouve que nos produits sont capables de consommer les biogaz qui pourraient être produits à partir de ces différentes sources, et du coup on pourrait produire de l’électricité comme le font l’éolien et le solaire à partir du biogaz. Et là, nous apporterions une puissance électrique en complément à la STEG qui permettrait de conforter la situation électrique du pays ». Une complémentarité avec la STEG qui lui permettrait de mettre fin aux coupures électriques comme celles de l’été 2017 et qui n’ont pas été très graves grâce à la cogénération.
Notre interlocuteur considère ainsi que l’énergie fossile gaz est probablement la meilleure des énergies fossiles, mais tient à préciser sa pensée à partir du fait que la COP26 de Glasgow a dénoncé les réductions des émissions de gaz à effet de serre toujours pas à la hauteur et l’insuffisance du soutien aux pays les plus vulnérables, et a appelé à une voie plus durable et sobre en carbone : « En Europe, le charbon et les fuels ont été bannis et je pense que la transition énergétique en Afrique se fera avec le gaz. Aujourd’hui, il n’est pas envisageable pour des pays comme la Tunisie d’imaginer du nucléaire, d’être tout renouvelable (il est interruptible, impropre à la constance de fonctionnement) ; mais nos produits ont la chance d’être 100% opérationnels, vous appuyez sur le bouton et vous avez de la puissance, bien sûr avec du gaz. C’est une première étape. La proposition qui peut être faite à un industriel, c’est non seulement de lui fournir de l’énergie mais aussi zéro production de carbone ; nous sommes capables de capturer le CO2, sachant que celui-ci est déjà utilisé (la référence Coca-Cola utilise le gaz de nos moteurs pour produire du CO2). Nous considérons le renouvelable, et là, nous avons une carte à jouer pour l’environnement et ces projets doivent être subventionnés ».