Pour le moment, le dinar tient bon face aux principales devises, l’euro et le dollar. L’économie ne démarre pas, mais notre monnaie résiste. Cela s’explique par deux phénomènes.
Le premier est la structure des importations qui causent une hémorragie de devises. Nous achetons essentiellement des matières premières et des produits semi-finis que nos industriels intègrent dans des produits finaux à réexporter en seconde phase. Si les carnets de commandes des entreprises sont vides, les volumes des importations baissent mécaniquement et le dinar se retrouve protégé.
Le second est l’aspect réglementaire, puisque la BCT a bien régulé le fonctionnement de l’activité des cambistes et coordonné les transactions dans les salles de marchés des banques.
En dépit de cette résilience, l’impact sur l’encours de la dette extérieure est loin d’être négligeable. Jusqu’à fin septembre 2021, l’effet change sur l’encours des prêts est de 1,21%, soit 742 MTND. Même les dettes internes en devises contractées auprès des banques ont vu leurs volumes augmenter de 19,4 MTND suite à la dépréciation du dinar. En tout, cela nous a coûté l’équivalent de 0,62% du PIB.
En même temps, le taux effectif de notre dette extérieure est à des niveaux historiquement bas, à 1,99%. Ce niveau est dû à la prédominance des dettes multilatérales qui représentent 54,9% de l’encours total. A l’instar de celles bilatérales, elles sont marquées par de faibles taux d’intérêt. Les dettes obtenues sur les marchés, qui pèsent 25% de l’encours, sont logiquement plus chères.
La tendance des prochaines années ne peut être que haussière, même si le coût moyen fluctuerait dans la fourchette 2%-3%. A court terme, il est clair que nous allons compter sur nos partenaires, qu’ils soient des pays ou des institutions financières, ce qui va contribuer à garder ces proportions. Mais dès que nous allons retrouver le marché, nous allons subir le double effet de hausse actuelle des taux et de la dégradation de notre notation souveraine.
Il faut enfin noter que la dette externe pèse 50,24% du PIB, donc encore soutenable malgré les difficultés. Nous sommes très loin des niveaux qui annoncent un défaut de paiement proche, surtout que nous disposons d’un matelas relativement adéquat de réserves de change.