Un camp tourné vers l’écotourisme, offrant aux jeunes de Douz l’opportunité de devenir micro-entrepreneurs avec l’aide d’Impact Partner, l’organisation qui soutient les entrepreneurs sociaux… Ce n’est pas aussi simple, nous confie Riadh Mnif, fondateur de Camp Mars. Pourtant, il reste foncièrement positif, des projets plein la tête, convaincu que nous avons un trésor dans le désert et qu’il faut bouger pour en tirer de l’or.
Au beau milieu d’un immense paysage martien se dresse la « Tembaine » ; en berbère, « la montagne qu’on voit de loin » et qui s’élève au milieu d’un océan de dunes au cœur du Grand Erg oriental, à 100 km au sud de Douz : c’est là que Riadh Mnif a décidé de créer son Camp Mars il y a plus de 15 ans. Sa planète Mars comme il nous confie avec humour.
Un camp tourné vers l’écotourisme, offrant aux jeunes de Douz l’opportunité de devenir micro-entrepreneurs avec le soutien d’Impact Partner. Ce n’est pas aussi simple, nous confie Riadh Mnif, fondateur de Camp Mars : « Nous avons communiqué sur l’écologie : il faut savoir que nous n’utilisons même pas de groupe électrogène. Nous avons tenté une nouvelle expérience, celle d’engager des micro-entrepreneurs à diriger des mini-camps en leur fournissant les tentes et les équipements nécessaires. Un premier projet a été accompagné et un premier campement a été installé. L’objectif était de parvenir à la création d’au moins 36 nouveaux emplois en 3 ans. Malheureusement, on n’a pas eu le temps de les développer. La Covid nous a stoppés dans notre élan et le jeune est pour le moment salarié chez nous ».
Hors des sentiers battus
Avant la Covid et depuis 15 ans, Camp Mars avait fait sa promotion à l’étranger car 95% de la clientèle était étrangère. Et ce n’est que récemment que les Tunisiens ont afflué : « Cela me fait plaisir d’entendre dire : c’est Riadh qui a fait découvrir le désert aux Tunisiens. Pour moi, le campement n’est pas le plus important (lieu, abri, pour manger et dormir), c’est plutôt tout ce qui est autour : l’immensité du désert, la mer de sable, la beauté à perte de vue », affirme notre interlocuteur, qui passe en revue ce qui fait la différence de Camp Mars par comparaison avec la concurrence qui se trouve sur Gsar Ghilane et même près de Douz : la distance, d’abord, car personne ne va aussi loin, à 100 km au sud de Douz. Et le dépaysement continu avec les passages de très grandes dunes, une cuisine du Sud revisitée avec des plats qui n’existaient même pas à Douz, la propreté et la somme de détails et de moyens pour offrir le confort attendu par les clients, même si le contexte du désert les complique.
L’impact sur la région n’est pas en reste. Le projet a fait travailler une quinzaine de familles et tout l’approvisionnement en légumes, viande, eau…est fait à Douz. « De plus, nous menons chaque année une action pour aider les gens de la région. La dernière est avec un jeune chamelier qui n’a qu’un seul dromadaire blanc (alors que sa famille en avait plusieurs par le passé). Avec ce dromadaire, il participe à la course du festival de Douz, et pour l’encourager à aller plus loin, début 2021, on lui a acheté un autre dromadaire blanc, il a remboursé 75% du prix et dès qu’il aura tout payé, on lui en achètera un autre », promet Mnif.
Les choix de l’avenir
Les choix successifs de notre interlocuteur viennent à un moment où le secteur du tourisme est très fragile et souffre énormément d’instabilité : « Depuis la guerre du Golfe, tous les dix ans il y a une crise ; maintenant, le rythme des crises s’accélère après la révolution, pour ne citer que les attentats du Bardo, de Sousse, de Ben Guerdane… Nous avions commencé à préparer un grand événement pour relancer le tourisme saharien et avec les événements de Ben Guerdane nous avions reçu des messages d’encouragement, mais les gens avaient peur et il fallait se résoudre à faire machine arrière. C’est précisément là qu’Impact Partner nous a apporté un soutien moral, plus que financier : quand nous avions une demande pour 600 personnes l’année dernière, c’est avec eux à nos côtés que nous avons choisi la qualité plutôt que la quantité. Cela rassure et permet de mener plus de réflexion quant au développement futur de l’activité ».
Aujourd’hui, malgré les crises, Camp Mars a plus que jamais des projets plein la tête. Il est vrai que certains, à l’instar de ceux entamés à Ksar Ghilane, à Matmata, à Tataouine, ou encore à Menzel Chaker… sont bloqués par manque de volonté politique : « J’ai rencontré tous les ministres du tourisme, je leur ai fait partager mon engouement pour les trésors que nous avons dans le désert tunisien et je leur ai démontré tout l’attrait et l’intérêt de nos régions du Sud, là où il faut bouger et créer, notamment avec de grands projets générateurs de dynamiques globales, et avec des incitations aux jeunes diplômés pour qu’ils fassent le choix de s’aventurer dans l’entrepreneuriat et de cesser de vouloir être salariés ! ».