Kaïs Saïed a renouvelé sa détermination à promulguer la loi de réconciliation pénale, un projet qui inquiète le monde des affaires à Tunis. Théoriquement, il permettra de créer un flux d’investissement en infrastructures dans les délégations des régions intérieures, longtemps privées de développement.
Mais quelles sont potentiellement les délégations concernées ? Le meilleur proxy que nous avons pu trouver est le classement des délégations tunisiennes selon l’Indice de développement régional (IDR) publié par l’ITCEQ. La dernière version disponible remonte à 2018. Vu que le pays n’a pas avancé depuis, nous sommes convaincus que cette hiérarchie est toujours d’actualité.
Il en ressort que les dix délégations les plus pauvres en Tunisie sont, par ordre décroissant, Hassi Ferid (Kasserine), Fernana (Jendouba), Bouhajla (Kairouan), El Ayoun (Kasserine), Majel Bel Abbès (Kasserine), Foussana (Kasserine), El Alâa (Kairouan), Ghardimaou (Jendouba), Sejnane (Bizerte) et Nefza (Béja).
Si l’idée du Président de la République fonctionne, c’est qu’il y a de fortes chances de voir enfin un flux de capitaux se diriger à l’intérieur du pays, puisque 95,5% des délégations les plus développées sont côtières et 85,29% des délégations les moins développées sont à l’intérieur.
En particulier, 11 délégations de Kasserine sont parmi les moins développées en Tunisie, devançant dans la pauvreté Kairouan (9 délégations) et Sidi Bouzid (9). Les gouvernorats de Béja et Jendouba ont chacun 7 délégations. Les cinq gouvernorats partagent le point commun de l’absence totale de toute délégation figurant parmi les plus développées !
La vraie question maintenant est à quel point ce projet est-il réalisable ? Certes, ces zones ont besoin d’une injection massive de fonds car elles manquent de tout. Mais le danger est celui de l’échec. Si Kaïs Saïed, avec toute sa popularité, ne concrétise pas son plan, c’est la grande déception pour une population déprimée. Dans ce cas, Dieu seul sait l’instabilité que le pays risque de connaître.