Nous n’avons pas besoin d’études pour savoir que les entreprises tunisiennes ne sont pas contentes de la qualité des services offerts par l’administration publique. Mais le sondage dont les résultats viennent d’être publiés par le CJD permet d’avoir plus de détails sur la nature de cette relation.
L’étude, qui a été réalisée par le cabinet One 2 One, dévoile que 76% des PME tunisiennes estiment que l’administration représente un obstacle à leur développement. Pis encore, 28% des PME sondées déclarent que l’administration est un obstacle sévère ! Ce taux était de 25.6% un an auparavant.
Bien évidemment, tout le monde n’est pas du même avis : 15.2% des PME sondées par les équipes de One 2 One disent que l’administration ne représente aucun obstacle ; marquant une légère amélioration par rapport aux 14.3% ayant eu la même perception en 2020.
Les incitations à la corruption sont aussi à la hausse, d’après les chiffres de ce sondage annuel. Au fait, 34.2% des entreprises affirment être sollicitées pour des “paiements non officiels”, aka pots-de-vin durant les 12 derniers mois.
En 2020, ce taux était de “seulement” 27.7%.
Bien évidemment, toutes les administrations ne se ressemblent pas, bien qu’elles partagent toutes le même constat : ce taux est à la hausse, parfois même par le double.
Ainsi, on trouve que ce taux est de 24.2% pour les opérations d’import/export, de 25.4% lors des opérations d’inspection et de contrôle et de 27.7% pour participer ou gagner un marché public. Et 32.8% des entreprises indiquent que de tels paiements ont été sollicités simplement pour avoir accès à une prestation de service !
En tout, le score global d’évaluation des administrations publiques s’est établi à 60.6/100, soit tout en bas de la catégorie “moyenne”. Pour avoir une perception “bonne”, la note doit être au moins de 80.
Et, encore une fois, parce que toutes les administrations ne se ressemblent pas, leurs scores diffèrent considérablement. Il est par exemple de 50.34/100 pour les municipalités ― le score le plus faible, et de 71.44 pour le Registre national des entreprises ― le meilleur score.
“Il faut digitaliser l’administration”
Que proposent les dirigeants de PME pour remédier à cette situation ? Pour 1.6% des répondants, la réponse est simplement “rien”. Selon eux, l’administration n’a besoin ni d’ajustements ni de réformes ! (Mal)heureusement, cet avis n’est pas partagé par l’ensemble des répondants. Au fait, 85.4% estiment que l’administration tunisienne aurait besoin de réformes radicales.
Mais quels types de réformes faut-il appliquer, selon les participants au sondage de One 2 One ? Les réponses sont bien évidemment nombreuses, mais une d’entre elles sort nettement du lot : la fameuse digitalisation. 44.6% des répondants estiment que dématérialiser les procédures administratives aidera à améliorer la relation PME-administrations publiques. La transparence des procédures (20.6%) et l’amélioration de la qualité de service (15%) complètent le top 3 des propositions des chefs d’entreprise.