Le rapport Where to Invest in Africa 2021 de RMB place la Tunisie à la 17e position en tant que destination d’investissement en Afrique. L’Égypte est en tête, suivie par le Maroc et l’Afrique du Sud en troisième position. Sur la base de leurs environnements opérationnels, d’autres pays bien notés ont progressé dans le classement – notamment le Rwanda et le Botswana, qui occupent désormais la quatrième et la cinquième position respectivement.
L’analyse de la Tunisie : les prochaines années seront cruciales
L’économie tunisienne devrait se redresser au cours des deux ou trois prochaines années et poursuivre son processus de réforme.
La forte productivité de la main-d’œuvre et la situation idéale de la Tunisie pour le commerce et les affaires à travers la Méditerranée et l’Afrique sont positives pour la croissance économique.
L’économie est également riche en ressources naturelles, dont les phosphates et les hydrocarbures.
Les prochaines années seront critiques, car le gouvernement maintient ses efforts de relance post-pandémie. La Tunisie est susceptible de recevoir un nouveau fonds étendu de la part du FMI, ce qui devrait soutenir ses efforts accrus de relance économique.
Il y a quelques risques majeurs à noter dans l’économie. Le plus important est que les envois de fonds de la diaspora tunisienne (4,9% du PIB en 2019), dont dépendent de nombreuses familles, sont en forte baisse en 2020. Sur le plan social, les mouvements de protestation sont en hausse, en grande partie motivés par l’augmentation du chômage et de la pauvreté.
D’autres revendications, telles que l’accès à l’eau potable, l’emploi, les questions de sécurité, l’éducation et la santé, ont également été observées. L’agriculture, qui représente 11 % du PIB et qui était déjà en mauvaise posture avant la crise de la Covid-19 en raison d’un printemps sec qui a affecté la production, a vu sa situation aggravée par les mesures de confinement. Les agriculteurs ont des difficultés à se procurer des engrais, ce qui entraîne une baisse considérable de la production.
Cette situation a entraîné une baisse des exportations, notamment d’agrumes, de dattes et de produits de la mer. Le secteur manufacturier, qui représente 16% du PIB, se contracte également en raison de perturbations des chaînes d’approvisionnement et de la baisse de la demande européenne, en particulier pour les textiles et les vêtements.
La particularité de cette année : l’impact de la Covid-19
Selon l’auteur, Daniel Kavishe, économiste chez RMB Africa, un monde nouveau exigeait une nouvelle approche de la publication et le rapport de cette année évalue l’étendue de l’impact de la pandémie en esquissant le paysage du continent avant la Covid-19, puis en brossant un tableau de ses résultats réels et potentiels pendant et après la pandémie. Alors que les éditions précédentes projetaient de manière positive les perspectives de l’Afrique, discernées grâce à des données fiables et facilement disponibles, la Covid-19 a brouillé les pistes d’analyse et a contraint l’équipe à adapter sa méthodologie.
L’approche a nécessité un niveau supplémentaire de sophistication, dont le score de l’environnement opérationnel et le score fiscal font partie.
De plus, la publication devait explorer les thèmes clés émanant des aspirations de l’Afrique en matière de développement. “Parmi ceux-ci, trois sont essentiels pour lutter contre la pandémie et ressusciter les conditions économiques”, affirme Kavishe. “Il s’agit de l’intervention du gouvernement, de l’accent mis sur nos secteurs à triple menace et des soins de santé”.
Historiquement, les destinations d’investissement en Afrique ont été classées sur la base des principes de l’activité économique et de l’environnement opérationnel des entreprises. Destinés aux investisseurs qui ciblent les actifs réels d’une économie ou qui cherchent à développer des activités reposant sur des infrastructures physiques, ces classements offrent une base solide pour investir.
Cette année, il fallait être plus nuancé. Outre les indicateurs traditionnels, les entreprises et les investisseurs devaient être informés de l’état des finances publiques d’un pays et de sa capacité à aider son économie en cas de crise.