En 2020, la production mondiale de phosphate a totalisé 223 millions de tonnes ― dont 4 millions de tonnes produits par la Tunisie. Notre pays a pu en effet retrouver sa place dans le top 10 des fournisseurs mondiaux de cette matière cruciale dans l’agriculture moderne.
D’après le US Geological Survey, la consommation mondiale d’engrais phosphatés devrait augmenter légèrement de 47 millions de tonnes en 2020 à 49 millions de tonnes en 2024.
L’Asie et l’Amérique du Sud représenteront la majorité de cette croissance en demande de phosphate.
Pour répondre à cette demande, la capacité mondiale de production de phosphate devrait passer de 238 millions de tonnes en 2020 à 261 millions de tonnes en 2024. La majeure partie de cette augmentation de la capacité de production sera attribuable aux grands projets d’expansion en cours et prévus en Afrique et au Moyen-Orient.
Cette forte demande sur le phosphate a fait que son prix a considérablement augmenté durant les derniers mois ; une tendance qui devrait continuer selon plusieurs analystes. Le prix du phosphate marocain, par exemple, est passé de 83.33 dollars la tonne en décembre 2020 à 147.5 dollars en décembre 2021. Ceci représente une hausse de 77% ! Le prix du phosphate américain est passé, quant à lui, de 193.4 à 339.4 dollars la tonne.
Est-ce une bonne nouvelle ? Oui… et non! Car, d’un côté, la hausse des prix signifie une amélioration des revenus du GCT mais, de l’autre, il peut avoir d’importantes conséquences néfastes. Pourquoi ? Parce que le phosphate est principalement utilisé pour fabriquer les engrais agricoles et ces derniers ont commencé à suivre la même tendance.
Dans l’Illinois, le prix du phosphate diammonique, l’engrais phosphaté le plus largement utilisé, a augmenté de plus de 78 % au cours de l’année écoulée, selon un rapport du 4 novembre du département américain de l’Agriculture. Le prix de deux engrais azotés, l’ammoniac anhydre et l’urée, a plus que doublé au cours de la même période. Une grande partie de l’augmentation des prix s’est produite depuis le début du mois d’octobre.
Le coût du gaz naturel, qui est utilisé pour fabriquer de nombreux engrais, a augmenté, en particulier en Europe continentale et au Royaume-Uni. En outre, l’ouragan Ida a interrompu une partie de la production d’engrais aux États-Unis plus tôt cette année. Et les pannes de courant ont causé des problèmes aux usines d’engrais en Chine, incitant le pays à commencer à décourager les exportations d’engrais pour protéger son propre approvisionnement.
Lors des appels de résultats début novembre, les dirigeants des fabricants américains d’engrais CF Industries, Mosaic et Nutrien ont déclaré que tous ces facteurs avaient contribué à la récente flambée des prix des engrais. D’un autre côté, les prix des principales cultures comme le maïs et le soja sont également très élevés en ce moment. La hausse des prix des engrais s’ajoute à l’augmentation des prix des herbicides, des terres et de la main-d’œuvre.