Après une forte baisse de 8,8% en 2020, le PIB devrait croître d’environ 3% par an jusqu’en 2023. C’est ce qu’indique le rapport annuel 2021 de l’OCDE pour la Tunisie. Notre pays a été durement touché par le variant Delta et son PIB a accusé le coup de la crise sanitaire.
Une troisième vague Covid-19 et des mesures de confinement plus strictes pendant l’été ont pénalisé les services à forte intensité de main-d’œuvre tels que le tourisme, et le chômage élevé freine la consommation privée. La confiance des investisseurs reste faible en raison de l’incertitude politique, des difficultés à financer l’important déficit budgétaire et du peu de progrès réalisés en matière de réformes structurelles. Toutefois, la reprise chez les principaux partenaires commerciaux de la Tunisie stimulera les exportations de marchandises, et le tourisme rebondirait à mesure que les vaccins seront largement déployés sur le territoire national.
Le renforcement de l’indépendance de la Banque centrale est essentiel pour garantir une politique monétaire efficace. L’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques permettrait de créer un espace budgétaire pour un soutien mieux ciblé aux ménages vulnérables et pour des investissements publics dans les infrastructures physiques et sociales. Il faudrait pour cela réformer l’emploi public et les entreprises d’État, supprimer progressivement les subventions régressives à l’énergie, réduire les exonérations fiscales et améliorer l’application de la législation fiscale. La réduction des charges administratives pesant sur l’entrée et la croissance des entreprises, ainsi que des barrières commerciales pour les entreprises nationales, renforcerait la concurrence et l’innovation, et stimulerait l’investissement et la création d’emplois formels. L’amélioration de la qualité de l’éducation et de la formation est essentielle pour réduire l’inadéquation des compétences et accroître la productivité.
Les mesures d’endiguement pèsent sur l’activité des services, mais la vaccination s’améliore. Le variant Delta a durement touché la Tunisie, car le déploiement de la vaccination a été lent en raison de problèmes d’organisation, d’un manque de vaccins et d’une hésitation générale à se faire vacciner. Le renforcement des mesures de confinement et les lockdowns localisés entre avril et août ont empêché la reprise de l’activité touristique et ont fortement affecté d’autres services à forte intensité de main-d’œuvre. Le chômage a augmenté pour atteindre 18,4 % au troisième trimestre 2021, avec de nouveaux records pour les jeunes hommes et femmes, à 42,8 et 41,7 % respectivement, pesant sur les revenus des ménages et la consommation privée.
L’investissement privé a été freiné par la montée de l’incertitude politique, la lenteur des progrès des réformes structurelles et les difficultés croissantes à financer l’important déficit budgétaire. Grâce à la forte demande d’exportations, notamment d’équipements électriques et de TIC ainsi que de produits pharmaceutiques et médicaux, et à la hausse de la production de pétrole et de gaz ainsi que de l’activité minière, la production industrielle a retrouvé ses niveaux d’avant la crise. Toutefois, les goulets d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement ont commencé à affaiblir la demande de certains intrants intermédiaires exportés. L’inflation a augmenté depuis juillet, principalement en raison de la hausse des prix des aliments et des boissons. Les récentes améliorations de la couverture vaccinale ont permis la reprise des arrivées de touristes étrangers. Malgré la faiblesse des recettes touristiques, le déficit de la balance courante s’est réduit en raison d’un fort afflux de transferts de fonds et d’une faible demande d’importations.