La Poste est l’un des principaux acteurs financiers en Tunisie. Grâce à une présence géographique unique sur l’ensemble du territoire national, elle a une capacité d’offrir une panoplie de services financiers aux citoyens, qu’ils soient bancarisés ou pas, et surtout de collecter les dépôts.
Selon les derniers chiffres, l’épargne totale auprès du Centre d’Epargne Postale a atteint 7 246 MTND fin août 2021. Par rapport aux statistiques des banques fin septembre 2021, elle est classée sixième institution financière en termes de dépôts. Depuis le début de l’année, elle a pu collecter 220 MTND supplémentaires, ce qui fait d’elle la cinquième meilleure performance du secteur financier.
Bien que sa clientèle soit essentiellement composée des petits revenus, la base de clientèle est une force de frappe. Le nombre de tunisiens détenteurs de comptes courants postaux s’élève à 2 200 000. De plus, 4 200 000 sont détenteurs de carnets d’épargnes postaux.
C’est effectivement cette force de frappe de la poste qu’aucune autre institution financière ne peut battre. D’ailleurs, le projet de la Banque Postale, qui reste un projet d’envergure nationale, est toujours d’actualité. Il permettra d’améliorer significativement le taux de bancarisation en Tunisie, qui du reste est parmi les plus faibles dans la région. La Poste pourra ainsi jouer un plus grand rôle dans l’inclusion financière. Dans son business plan de banque, la Poste n’a aucune intention de concurrencer les banques. Son offre restera axée sur les particuliers sans viser les grandes entreprises. De point de vue de son offre, il ne lui manque que les crédits et le découvert, ce qui rend facile le passage à un établissement de crédits.
En matière de rentabilité, les pertes enregistrées par la Poste traduisent la nature publique des services qu’elle offre et qui n’est pas lié à la question de rentabilité. Ce qu’elle facture est souvent inférieur aux coûts réels et c’est à l’Etat de compenser la différence via des subventions. Aux vues des difficultés des finances publiques, ces transferts ont diminué ces dernières années, ce qui a causé des déficits. L’alignement des tarifs avec ceux des banques serait une bonne solution en termes de rentabilité, mais cela pourrait altérer l’attractivité de l’institution.
Tôt ou tard, nous pensons que ce projet verra le jour. D’ailleurs, l’Etat ne pourra pas mener une vraie stratégie d’inclusion financière sans une Banque Postale. Les banques ne regarderont jamais ce pas d’un bon œil car elles savent très bien qu’elles auront affaire à un poids lourd.