L’allocation touristique est souvent contestée et désignée comme une source de fuite des devises d’un pays pour lequel chaque euro compte. Les chiffres montrent encore une fois qu’il s’agit d’une idée infondée. Sur les neuf premiers mois de 2021, l’allocation touristique a consommé l’équivalent de 404,9 MTND. Jusqu’à fin septembre 2021, les dépenses totales de la balance des paiements extérieurs se sont établies à 60 192 MTND.
L’allocation touristique représente donc 0,6% de ces dépenses ! En 2019, qui était la dernière année avant Covid-19, ce montant était de 1 398,4 MTND pour toute l’année, soit 1,7% des charges nationales totales en devises. La baisse observée est due aux restrictions sur les voyages, ainsi que l’absence du pèlerinage et de la Omra.
L’allocation touristique n’est pas seulement un moyen pour se faire plaisir. Une bonne partie de cet argent sert à faire des achats de vêtements et de gadgets qui animent tout un commerce parallèle local. Pas besoin de liquider cela auprès des boutiques, les réseaux sociaux sont aujourd’hui la meilleure vitrine pour gagner de l’argent sans payer le moindre dinar à l’Etat. Il y a aussi les parents qui ont des enfants qui étudient à l’étranger et qui utilisent cette allocation comme complément pour financer leur quotidien.
Cela peut nous amener à poser une question : est-ce qu’une allocation de 6 000 TND par an est suffisante ? En euro, c’est à peine 1 840 €. Ce montant faible est à l’origine du recours à d’autres moyens clandestins pour accéder à la devise. Cela peut aller de faire sortir avec soi quelques centaines d’euros ou de dollars supplémentaires jusqu’à garder actifs les comptes bancaires pour ceux qui étaient étudiants.
Nous comprenons la volonté de la BCT de contrôler la sortie du moindre euro du pays, mais il faut penser aujourd’hui à mettre en place un nouveau système plus simple. Une révision à la hausse du montant de l’allocation s’impose, et des mécanismes de contrôle pourraient être mis en place. Nous vivons dans un monde de plus en plus ouvert avec une génération très branchée. Rester avec une telle réglementation et interdire les sociétés offrant des services de paiement international (Paypal à titre d’exemple) ne peut résulter qu’en davantage de commerce de devises en cachette.