Une conférence internationale sur les Accords commerciaux avec l’Afrique s’est tenue à Tunis les 26 et 27 novembre
La Zlecaf : où en sont les accords ? Où en est l’application ? Telles sont les questions auxquelles répond la conférence internationale sur les accords commerciaux avec l’Afrique organisée les 26 et 27 novembre.
Cet événement est sous l’égide de la ministre du Commerce et du Développement des exportations en présence d’un représentant du gouvernement allemand. On note la participation des représentants d’organisations régionales et internationales actives dans le domaine des Accords commerciaux africains, telles que la Commission de l’Union africaine, le Secrétariat de la Zlecaf, la Banque mondiale, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), le Centre du commerce international (ITC) et la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), ainsi que des représentants des principaux partenaires techniques et financiers exerçant en Tunisie.
Selon Fadhila Rabhi Ben Hamza, ministre du Commerce, la Zlecaf est fondée sur des affinités profondes. La coopération économique avec le continent africain ne cesse de se développer à travers deux axes : la Zlecaf et le Comesa. Cette conférence est une opportunité pour clarifier les rôles et identifier les besoins. L’Afrique a un poids démographique important et de riches ressources et opportunités de développement. La Zlecaf sera la plus grande zone de libre-échange au monde et permettra de sortir 30 millions d’Africains de l’extrême pauvreté. Les revenus de la Tunisie augmenteront et les échanges avec l’Afrique se renforceront pour passer de 11 à 19% en 2030.
La conférence est organisée dans le cadre du projet « Promotion des exportations vers l’Afrique subsaharienne » (PEMA II) et la composante nationale du « Programme d’appui à la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf) », qui sont mandatés par le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et mise en œuvre par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH en Tunisie, en collaboration avec le ministère du Commerce et du Développement des exportations et le Cepex.
“Les grands défis auxquels l’humanité est confrontée ne peuvent se résoudre en faisant cavalier seul”
D’après Georg Felsheim, ministre-conseiller à l’ambassade d’Allemagne, la Zlecaf a été négociée en un temps record et son entrée en vigueur a eu lieu en un temps impressionnant. Le soutien de l’Allemagne à la Zlecaf s’élève à 80 millions d’euros. “Les grands défis auxquels l’humanité est confrontée ne peuvent se résoudre en faisant cavalier seul. C’est pour cela que la Tunisie a été choisie comme un pays phare du projet pilote afin de développer les échanges entre pays africains”.
Manfred Hoor, directeur régional GIZ Tunisie-Libye, s’est exprimé au sujet du commerce international et en particulier du commerce africain : “Le commerce international est l’un des moteurs majeurs de l’économie mondiale. En février 2020, 94% des entreprises de Fortune 1000 ont déclaré avoir été affectées par la chaîne d’approvisionnement. Aujourd’hui, nous souhaitons rendre la Tunisie plaque tournante du commerce international sur la rive sud de la Méditerranée, comme elle l’était du temps de Carthage”.
Augmenter les 11% d’échanges avec l’Afrique
Fadhila Rabhi Ben Hamza, ministre du Commerce, évoque la Zlecaf en termes positifs : “La Zlecaf, ratifiée le 22 juillet 2020, sera l’objet d’un atelier où seront discutés les mécanismes de négociation au cours de ces deux jours. Les aspects abordés lors des panels sont la politique de concurrence, la politique d’investissement et la politique de la propriété intellectuelle. Nous souhaitons que ces politiques soient mises en place afin de renforcer la coopération et l’aide entre les pays africains. Le développement de nos exportations vers les pays d’Afrique subsaharienne serait un grand atout. Cela sera réalisé grâce à la qualité, au prix et à la compétitivité de nos produits tunisiens sur le marché international. Tous nos produits peuvent entrer sur le marché africain, la volonté y est et nous pourrons nous développer. Les appuis à l’exportation et les besoins du marché sont évoqués lors des panels de l’événement. Au niveau du transport, le commerce avec la Libye et l’Algérie permettra d’entrer sur les marchés africains par cette porte. Nous souhaitons augmenter les 11% d’échanges et développer la proportion des exports vers l’Afrique”.
Amal Mghirbi, chef composante à la GIZ pour l’appui des accords commerciaux avec l’Afrique, synthétise les buts de ces accords : “Nos objectifs sont de vulgariser et de diffuser l’information, de médiatiser l’accord Zlecaf pour le grand public et d’intégrer l’aspect technique de ces accords pour les personnes concernées. Notre cible est les parties prenantes, publiques et privées, ainsi que les médias. Les points importants à discuter sont l’information sur les aspects techniques de ces accords-là (qu’est-ce, quand a-t-il commencé), conclure l’accord Zlecaf et son impact sur le continent africain. Les avantages sont la possibilité d’échanges commerciaux sans payer de taxes douanières. Egalement, cet accord rassemble le commerce, la concurrence, l’investissement et la propriété intellectuelle. Les PME seront intégrées à travers les représentants du secteur privé et du patronat. Nous nous dirigeons vers elle afin de communiquer un maximum sur les accords et les inclure dans notre démarche”.
Chawki Jaballi, directeur de la Coopération avec l’Afrique au ministère du Commerce, présente la Zlecaf : “Il s’agit d’un ensemble d’accords avec les pays africains. La Tunisie depuis 2021 a contribué à ces accords. La Comesa, où nous sommes entrés en 2018 et où nous avons commencé à appliquer les accords en 2020, a connu une réalisation effective. La valeur des exportations vers l’Afrique n’a pas atteint nos objectifs. Nous souhaitons développer nos échanges avec l’Afrique, puisqu’actuellement, ils sont peu élevés. La proportion des échanges commerciaux de la Tunisie avec l’Afrique est de 10 à 11% pour l’ensemble du continent et de 3% pour l’Afrique subsaharienne. Les accords commerciaux avec l’Afrique ne sont pas seulement liés aux produits d’export, mais au transport, à la logistique qu’il faut gérer. Lorsque les taxes douanières sont supprimées, les produits deviennent plus compétitifs sur le marché. L’orientation est claire pour développer les relations avec l’Afrique subsaharienne. Il y a des facteurs extérieurs au ministère du Commerce qui entravent le développement de ces échanges et cela demande une stratégie globale pour se développer dans cette direction. Notre objectif était d’atteindre 1 000 milliards de valeur d’échange, nous l’avons atteint et nous souhaitons continuer à nous améliorer. Pour toute l’Afrique, nous sommes à 4 000-5 000 milliards d’échange”.
Concernant la monnaie digitale et le paiement en dinar tunisien, il répond : “La monnaie digitale, pour le paiement et le règlement, résout un problème au niveau du change. En effet, actuellement, nous payons nos échanges en devises. Il y a une fluctuation du taux de change qui affecte la compétitivité du pays. La Zlecaf souhaite ainsi développer un outil dans ce cadre pour payer les échanges commerciaux avec le dinar tunisien, et cela s’appliquera à chaque pays de l’accord”.