La croissance économique continue à être atone. Outre les handicaps structurels, il y a un problème de financement pour les PME qui crient à l’injustice des banques qui refusent de leur octroyer des crédits. Est-ce que cela est vrai ? Nous pouvons avoir une idée plus claire en exploitant les chiffres issus des indicateurs d’activité des banques cotées à la Bourse de Tunis.
Il s’avère que ces établissements ont accordé 1 522 MTND de crédits nets supplémentaires depuis le début de l’année. Sur le seul troisième trimestre, l’évolution était de 1 225 MTND. Les banques ont donc intensifié leurs interventions auprès des clients au cours des derniers mois.
A noter que jusqu’à septembre, la BNA s’est illustrée avec 776 MTND de crédits supplémentaires, devant la BIAT (281 MTND) et l’ATB (264 MTND). En termes d’encours global, la BIAT garde toujours la première place dans le secteur avec 11 610 MTND, devançant de peu la BNA (11 546 MTND). Le montant des prêts reste, toutefois, largement en dessous des besoins réels des agents économiques et de ce que nécessite l’économie pour qu’elle redémarre. Cela se reflète dans le rythme des investissements locaux et dans la création de postes d’emploi, tous en déclin.
Pourtant, les banques ont dopé leurs dépôts. Depuis le début de l’année, les dépôts supplémentaires ont atteint 3 676 MTND, dont 1 407 MTND sur le seul troisième trimestre. Encore une fois, la BNA a pu attirer la plus grande partie de ce flux, avec 1 198 MTND supplémentaires contre 546 MTND pour Attijari Bank et 444 MTND pour la BIAT. En termes d’encours, la BIAT est très loin devant les autres établissements (14 945 MTND).
A l’exception de l’ATB et de la STB, toutes les autres banques ont octroyé des crédits nets additionnels inférieurs aux nouveaux dépôts. Cette tendance traduit deux faits. Le premier est que les banques cherchent, en priorité, à respecter le ratio de transformation de 120% d’une part, et qu’il y a une hausse notable du risque de contrepartie d’autre part. Pour rappel, et sur le premier semestre, le coût du risque pour ces mêmes banques s’est établi à 505 MTND.
Certes, cela pèsera sur la rentabilité du secteur. Il ne faut pas oublier que les charges opératoires ont flambé de 13,9% à 1 889 MTND jusqu’à septembre, sous le poids des charges de personnel (1 277 MTND) suite aux revalorisations salariales. L’évolution des charges opératoires a gommé 47,5% de l’évolution du PNB sur la même période.
Les banques ont donc fait le choix de réduire intentionnellement le volume des crédits afin de mieux gérer leurs risques. Pour leur part, les entreprises doivent être mieux structurées. La majorité d’entre elles n’est pas capable de présenter un dossier bien monté à son banquier. La responsabilité est partagée, et chacun des deux parties a des efforts à fournir dans l’intérêt de l’économie nationale.