L’agence de notation japonaise R&I a abaissé la note de l’émetteur en devises étrangères de la Tunisie à « B+ » avec une perspective négative. Les raisons sous-jacentes à cette dégradation sont, encore une fois, les mêmes que celles fournies par les autres agences.
Il y a d’abord les incertitudes politiques depuis le 25 juillet, retardant le retour à une trajectoire de croissance durable. Il y a de forts doutes qui pèsent sur les perspectives de l’assainissement budgétaire et de la réduction du ratio de la dette publique.
Pour l’agence, le niveau actuel des réserves de change écarte des difficultés de liquidité à court terme, mais l’aide financière du FMI est vitale pour améliorer le profil de risque de la dette souveraine à moyen terme. La reprise des discussions entre les deux parties est perçue comme encourageante, mais il est encore difficile de prévoir quand ils parviendront à un accord.
R&I a souligné que l’économie s’oriente vers une reprise après la levée des restrictions et les progrès dans la campagne de vaccination, mais la croissance pour l’ensemble de 2021 ne devrait pas dépasser 2,6%. Pour 2022, le FMI prévoit une croissance de 3,3%, car la demande intérieure reste timide alors que celle de la Zone Euro, principale destination des exportations du pays, tirerait l’économie vers le haut.
Les fondements structurels du déficit courant sont toujours d’actualité et il se creuserait à nouveau en même temps qu’une reprise économique. Quant au déficit budgétaire, il est encore à des niveaux élevés à cause des transferts sociaux supplémentaires et de l’augmentation des coûts des subventions. La possibilité de réduction de ces déficits n’est pas encore claire, surtout que les orientations politiques pour 2022 et les années suivantes n’ont pas été annoncées. La voie de la réduction de la dette et les actions sur des questions essentielles telles que la réduction de la masse salariale et des subventions ne sont pas prévues pour demain.
Pour l’endettement, la gestion prudente de la politique des réserves de change par la BCT a permis l’atteinte d’un volume relativement confortable, ce qui rend peu probable un défaut de paiement à court terme. Néanmoins, des sommes plus considérables de services de la dette deviendront exigibles dans les années à venir. La pression sur les liquidités augmentera, à moins que le gouvernement ne soit en mesure d’obtenir l’aide financière du FMI.