L’économie tunisienne navigue, vraiment, à vue. Les chiffres du mois de septembre, celui qui a suivi l’événement 25 juillet, n’inspirent pas confiance.
Sur le front des investissements industriels, il s’agit du pire mois de septembre depuis 2016, avec des investissements de 177,2 MTND. Pour les industries totalement exportatrices, seuls 58 MTND dans 52 projets ont été dépensés, soit la somme la plus faible depuis 2017. Le nombre d’emplois créés (3 101 postes) est le plus bas depuis 7 ans. Il est clair que les industriels se posent plein de questions sur le climat d’investissement après ce qui s’est passé côté interdictions de voyages, le lynchage sur les réseaux sociaux et la peur qui s’est installée parmi les acteurs économiques.
Dans le secteur des services, les investissements déclarés étaient de 78,8 MTND et concernaient 749 projets, mais avec une très faible création d’emplois de 2 387 postes, alors qu’elle n’avait jamais baissé sous la barre des 3 000 depuis 2015.
Le bilan du premier moteur de croissance est donc maigre. Le second driver, les exportations, ne fonctionne pas également à plein régime. Selon l’INS, le volume des échanges du mois de septembre s’est caractérisé par une stabilité des exportations. Par rapport à 2020, le taux de couverture en volume a perdu 1.4%.
Certains secteurs donnent satisfaction, comme l’agriculture et les industries agroalimentaires qui ont affiché une progression de 24,8% en rythme annuel. Des hausses sont également enregistrées dans le secteur du textile, habillement et cuir (7,3%) et des industries manufacturières diverses (11,6%). Cette évolution positive a été annulée par la baisse au niveau des exportations dans le secteur des IME (-6,8%) et de l’énergie et lubrifiant (-23,3%).
Reste maintenant la consommation qui est affectée par une inflation qui commence à s’accélérer non pas à cause de la demande, mais plutôt à cause de la hausse des coûts de production et de la tentative des professionnels de compenser l’effet volume par celui des prix.
Cela nous ramène à une conclusion : le taux de croissance du PIB pour le troisième trimestre 2021, qui sera publié dans 5 jours, sera une déception. D’ailleurs, le Gouverneur de la BCT a récemment précisé que nous allons terminer l’année avec une croissance aux alentours de 3% seulement. A court terme, il n’y a aucune solution miracle pour doper les performances car les fondamentaux d’une économie moderne et tournée vers le futur sont quasiment absents.