Beaucoup ne savent pas que la Tunisie dispose d’un cadre réglementaire clair pour la finance verte dès 2019. Le CMF s’est attaqué à ce chantier et a promulgué un guide d’émission d’obligations vertes, socialement responsables et durables (obligations GSS), qui peuvent même prendre la forme de Sukuks.
Il y a même trois catégories. En premier lieu, il y a les obligations vertes qui servent à financer les projets relatifs aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique, à la gestion durable des déchets et de l’eau, à l’exploitation durable des terres, au transport propre et à l’adaptation aux changements climatiques, et plus particulièrement les investissements en infrastructures.
En deuxième lieu, il y a les obligations socialement responsables dont le produit doit être exclusivement orienté vers le (re)financement des projets ayant un impact social positif.
Enfin, il y a les obligations durables dont le produit sert exclusivement à (re)financer une combinaison de projets verts et sociaux.
Mais jusqu’à aujourd’hui, aucune société tunisienne n’a émis de tels titres qui pourraient avoir un grand succès auprès des investisseurs institutionnels. Les industriels polluants en Tunisie sont nombreux, et dans divers secteurs, à commencer par les industries chimiques et les cimenteries. Le marché obligataire primaire, largement dominé par les banques et les établissements financiers, peut ainsi devenir plus dynamique en attirant des industriels. Les fonds cherchent de nouveaux papiers et c’est le moment ou jamais pour tenter.
Cela peut également servir pour certaines entreprises publiques comme la STEG ou la Sonede et les sociétés pétrolières. Les entreprises publiques pourraient trouver d’excellentes opportunités pour financer des projets d’infrastructures de taille. La Tunisie ne doit pas rater cette occasion en or pour doper ses finances et investir. Ces émissions peuvent attirer de nouveaux investisseurs qui n’ont jamais mis de l’argent en Tunisie. Même si le rating souverain pose problème, nous pouvons les préparer avec des partenaires comme l’Union européenne ou la Banque mondiale dans le cadre de projets structurés. Ils peuvent même les souscrire et donner un nouveau souffle aux finances tunisiennes. Même vis-à-vis des bailleurs de fonds multilatéraux, comme le FMI, c’est de la bonne dette et qui fait partie des réformes. Ne ratons pas une nouvelle occasion.