Alors que l’Afrique a bénéficié de niveaux élevés de croissance économique au cours de la dernière décennie, elle connaît aujourd’hui une forte perte économique due à la variabilité liée au climat et aux événements extrêmes, tels que les inondations majeures, les sécheresses et les tempêtes.
Dans ce cadre, un rapport portant sur “Comment l’adaptation peut rendre l’Afrique plus sûre, plus verte et plus prospère” a été publié par la Banque africaine de développement.
Un changement climatique inquiétant
Le changement climatique augmente la fréquence et l’intensité de ces conditions météorologiques extrêmes. Le nombre d’inondations en Afrique a quintuplé depuis les années 1990 et celles-ci sont même devenues plus extrêmes. Le Soudan a connu sa plus grave inondation en 60 ans en 2020, par exemple, avec plus de 500 000 personnes déplacées et 5,5 millions de zones de terres agricoles détruites.
En 2019, deux des plus fortes tempêtes jamais enregistrées frappent l’Afrique de l’Est. Le cyclone Idai a détruit 90% des maisons de la ville de Beira au Mozambique et endommagé 1,4 million d’hectares de terres arables au Zimbabwe. Quelques semaines plus tard, le cyclone Kenneth a frappé un peu au nord. Ensemble, les tempêtes ont tué 1 300 personnes et touché 3,5 millions de plus.
Les sécheresses sont également de plus en plus intenses. En 2016-17, la sécheresse en Somalie a causé des pertes de 1,5 milliard de dollars américains à l’agriculture, ainsi qu’une malnutrition généralisée.
De 1991 à 2020, il y a eu environ 50 rapports catastrophes par an à travers l’Afrique, avec des inondations contribuant à deux événements sur trois. Mais les sécheresses ont le plus grand impact sur les vies africaines et les moyens de subsistance, avec cinq fois plus de personnes affectées par les sécheresses que par les inondations.
Les inondations sont enregistrées comme causant des dommages financiers plus importants, mais comme seulement 14 pour cent des catastrophes en Afrique ont une estimation des dommages enregistrés, on ne peut pas faire grand-chose des données sur les dommages.
Un flux de financement insuffisant vers l’Afrique
Il est urgent d’augmenter les investissements dans l’adaptation au changement climatique en Afrique. Alors que seulement six pays africains ont soumis un Plan d’adaptation national (PAN) à ce jour, tous les pays africains, à l’exception de la Libye, ont soumis la Contribution déterminée au niveau national (CDN), dont le but est d’inclure une composante d’adaptation, dans le cadre de leur engagement envers l’Accord de Paris de 2015.
Se basant sur ces CDN, toutes les régions africaines ont donné la priorité à au moins trois de ces secteurs : agriculture, eau, santé, foresterie, utilisation des terres et écosystèmes.
Un total de 40 pays africains ont estimé les besoins d’investissement pour l’adaptation à environ 331 milliards de dollars jusqu’en 2030. Quinze pays ont fourni une ventilation du coût conditionnel ou inconditionnel des estimations.
Sur les 331 milliards de dollars d’investissement (ou 33 milliards de dollars par an), les pays africains s’attendent à contribuer avec environ 66 milliards de dollars (ou 6,6 milliards de dollars annuellement) sur leurs budgets nationaux, tandis que le déficit d’investissement restant de 265 milliards de dollars (ou 26,5 milliards de dollars par an) doit être satisfait par les donateurs internationaux et financiers nationaux et internationaux.
À l’échelle mondiale, ce sera une moyenne annuelle d’investissement de 30 milliards de dollars. Le financement de l’adaptation a été, pour 2017 et 2018, majoritairement fourni par des acteurs publics (les IFD représentaient 67 % du total).
En raison de limitation des données, presque tous les flux suivis proviennent de finances publiques internationales. Un peu plus de 6 milliards de dollars ont constitué le financement de l’adaptation en Afrique au cours de cette période.
Si cette tendance se poursuit jusqu’en 2030, le financement total de 2020 à 2030 ne s’élèverait qu’à 66 milliards de dollars, loin des 331 milliards de dollars (ou environ 30 milliards par an) en besoins estimés dans les CDN. Le financement de l’adaptation est donc trop lent pour réduire l’écart, alors même que les coûts des impacts climatiques augmentent.