A chaque dégradation de note souveraine, il y a une peur qui lui est associée. Cette fois, la dose était plus accentuée que les révisions précédentes, bien que même si nous avions un gouvernement en place, nos chances d’être déclassés étaient significatives.
C’est le contexte politique qui a fait la différence et qui a accéléré l’histoire. Avec un gouvernement fraîchement nommé et dont la légitimité est contestée par plusieurs parties prenantes, la Tunisie a des difficultés concrètes pour faire face à ses difficultés financières. Pour les opposants de Saied, c’est l’une des cartes à jouer pour le mettre sous la pression internationale et populaire.
Mais il semble que la Présidence de la République ait bien caché son jeu. Des informations circulent concernant le financement du trou budgétaire 2022 grâce à l’appui de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis. Si cela se concrétise, nous comprendrons pourquoi Kais Saied s’est montré indifférent quant à la potentielle dégradation de la note.
Si la crise passait pour les finances publiques, cela ne serait pas le cas pour le secteur privé. Maintenant, il faut s’attendre à une dégradation des banques notées par Moody’s dans les jours qui viennent. Celles qui ont des plans de financement externe peuvent se heurter à des conditions moins favorables que prévu. Il y a aussi les entreprises privées dans leurs relations financières avec leurs fournisseurs étrangers. Tout cela compte dans l’impact final de cette dégradation.
A notre avis, ce qui inquiète le plus est cette perspective toujours négative. L’agence a donc préparé le terrain à une nouvelle dégradation si les choses ne bougent pas dans le bon sens. C’est un risque à prendre sérieusement en compte par Carthage. Grâce à des accords bilatéraux, nous pouvons survivre quelques années, mais pas jusqu’à l’infini. Il ne faut pas sous-estimer le prix de toute baisse de rating car pour remonter aussi rapidement la pente, il faut bien un miracle économique.