Parmi les malheurs de la Tunisie dans le chapitre de sa notation, il y a la montée des normes ESG. Elles ont pris une importance particulière ces dernières années et la crise sanitaire les a propulsées en première position. Désormais, ces critères pèsent lourdement dans les modèles de calcul du rating. Pour Moody’s, notre score ESG est extrêmement négatif, à CIS-4. Ce niveau reflète une « forte exposition aux risques sociaux et un profil de gouvernance modéré ».
Pour l’agence américaine, le climat social reste fragile et le bilan des actions gouvernementales peut le faire éclater à tout moment. Le score de la Tunisie est de S-4, traduisant la rigidité du marché du travail et la faiblesse de la création d’emplois. Ces contraintes rendent difficile l’absorption d’une main-d’œuvre bien formée, accentuant les flux migratoires nets négatifs et la fuite des cerveaux. Cela est partiellement compensé par les revenus du travail des Tunisiens Résidents à l’Etranger, mais c’est loin d’être suffisant.
Par rapport aux risques environnementaux, la Tunisie est modérément exposée à ces risques et son score est de E-3. L’élévation du niveau de la mer dans les zones côtières qui représentent 80% de la production totale du pays, les risques croissants de stress hydrique et la désertification dans les régions intérieures sont les principales sources d’inquiétude.
Au niveau de la gouvernance, notre score est très mauvais, à G-4. Aux yeux de Moody’s, bien que l’orientation du pays vers la recherche d’un consensus ait été déterminante pour assurer la réussite de la transition démocratique avec toutes les parties prenantes, le processus de prise de décision politique s’est considérablement dégradé ces dernières années. Les tensions sociales récurrentes nuisent à l’efficacité des politiques et créent des retards dans le chantier des réformes douloureuses.
Améliorer notre score ESG passe essentiellement par le chapitre législatif. Réviser le code du travail, promouvoir un nouveau code électoral capable de faire émerger une majorité qui gouverne sont deux axes sur lesquels le gouvernement pourra avancer rapidement. L’instauration de la Cour constitutionnelle et la concrétisation des programmes de préservation de l’environnement seront également très bénéfiques. Cela permettra de remonter progressivement la pente de notre rating.