Encore une fois, AeTech a prolongé les délais de candidature pour le poste d’administrateur indépendant au sein de son Conseil d’Administration. Les dates sont poussées au 31 octobre. C’est la même situation dans laquelle se retrouve TGH qui avait décidé de reporter les délais de candidature jusqu’au 20 octobre.
Les deux sociétés partagent certains points communs. Elles sont échangées dans le Groupe Fixing 99, réservé aux sociétés cotées qui sont affectées par des événements susceptibles de perturber durablement leur situation. Fin juin 2021, les pertes cumulées d’AeTech sont de 10,115 MTND et ses capitaux propres sont de -4,811 MTND. Pour TGH, elle n’a pas encore publié ses états financiers semestriels, mais ses comptes 2020 affichent une meilleure situation financière, avec des fonds propres de 114,302 MTND. La société s’apprête à une grande opération de restructuration (spin-out) qui n’a pas l’air d’être facilement réalisable.
En matière de jetons de présence, AeTech a versé 3 000 TND net d’impôts à ses administrateurs au titre du dernier exercice, alors que TGH n’offre rien. Elles ne distribuent pas de dividendes aux actionnaires et tardent dans la publication de leurs comptes annuels.
Pourquoi alors prendre une telle responsabilité alors qu’il n’y a aucune contrepartie qui vaut la peine ? Les candidatures sont plus nombreuses dans les sociétés qui offrent des jetons de présence généreux et qui donnent un plus dans les curriculum vitae. Mais dans le cas d’espèce, il n’y a pas d’indicateurs prometteurs.
Le marché des administrateurs indépendants en Tunisie est encore petit. Plusieurs noms se retrouvent dans plusieurs Conseils, ce qui est financièrement très rentable. Les administrateurs indépendants restent minoritaires dans les structures de gouvernance, ce qui réduit leur valeur ajoutée. In fine, la stratégie et les décisions sont prises par l’actionnaire de référence. Il est donc fort probable que l’indépendant subisse les conséquences juridiques des actes des actionnaires majoritaires.
Des difficultés pour recruter des administrateurs indépendants vont encore se manifester durant les années à venir pour les sociétés qui ont une situation financière délicate. Seul un retournement de tendance, avec des structures de gouvernance dominées par de vrais administrateurs indépendants pourrait attirer de vrais talents. Pour le moment, c’est juste une histoire de jetons de présence.